Synonyme de grande qualité, Saint-Joseph s’arroge les référencements les plus prestigieux, à la carte de tables choisies comme sur les étagères d’un caviste, un bon de préférence. Une valeur sûre et enviée que l’on vous raconte, en vérité. [Focus]
Cultiver un vignoble, façonner un paysage… n’est pas chose facile. Et comme rien n’est aisé en ce bas monde, c’est ici une histoire de courage, d’ambition et surtout de transmission. Transmission d’un savoir, d’une technique, d’un sol, d’une histoire commune et singulière. À Saint-Joseph comme ailleurs, les vignerons ont reçu en héritage un territoire flanqué d’une viticulture de coteaux exigeante, qui suinte le plaisir.
Dès la naissance de l’appellation (1956), cet engagement a été la clef de la réussite. A la fin des années 1980, Saint-Joseph ne comptait que 500 ha de vignes, plutôt situées dans les bas de coteaux. Les années qui ont suivi ont marqué une renaissance significative, d’importants travaux de construction et de restructuration du vignoble. Entre défrichage, plantation, construction de murets, aujourd’hui, ce ne sont pas moins de 1 400 hectares qui s’étirent du nord au sud.
La force du Granit, la Syrah pour emblème
Principale composante des sols du vignoble, le granit insuffle à l’appellation une identité forte. Des variations parsèment les terres de l’AOP et participent à la création d’une mosaïque de micro-climats. La partie septentrionale est composée de gneiss tendres et de granit, qu’il s’agisse d’implantation en coteaux, piémont ou plaines. La zone plus méridionale, aux abords de Tournon-sur-Rhône, se compose de marnes et de granits complexes maigres et acides. Ces altérations géologiques couplées aux sols « anthropiques », façonnés par les viticulteurs, signent le caractère singulier du terroir, tout comme son cépage unique en rouge, la Syrah.
Cette dernière exprime pleinement la puissance granitique des terres de l’appellation. Les pieds de syrah sont ici cultivés sur les terrasses ou communément appelés challeys. Le précieux cépage serait originaire de la région, d’un croisement entre la mondeuse blanche et le dureza. Il s’exprime merveilleusement sur ces sols granitiques, d’origine magmatique (le vignoble se trouve sur le contrefort oriental du Massif Central).
Les autres roches d’origine métamorphique (gneiss, micaschistes) apportent une aromatique différente aux raisins de syrah. Dans le cahier des charges, on peut adjoindre dans la limite de 10% maximum, deux cépages blancs, la marsanne et la roussanne. Ils sont l’essence même de l’appellation pour les blancs. Des blancs à découvrir, absolument.
Marsanne et Roussanne, une ambition qui porte ses fruits
Ces deux cépages identitaires de l’AOP ont toujours été présents. La particularité des sols qui les nourrissent ont poussé les viticulteurs à vinifier séparément ces cépages historiques pour découvrir l’identité des vins blancs. Une ambition qui a porté ses fruits. La marsanne est généralement plus implantée sur les bas de coteaux, où les terres de Loess conservent naturellement leur réserve hydrique. La roussanne préfère elle les zones d’altitude plus calcaires. Leurs caractéristiques organoleptiques se complètent.
Vinifiées séparément ou ensemble, les cuvées se démarquent des autres vins blancs de la vallée du Rhône par leur fraîcheur et leur capacité à se complexifier avec le temps.
Plus d’un restaurateur sur quatre propose du Saint-Joseph à la carte
Proposer un vin de Saint-Joseph à sa carte ou dans son rayonnage n’est plus anodin et représente un atout incontestable. Les établissements qui jouent la carte de l’appellation sont désormais positionnés comme des vendeurs experts, spécialistes et haut de gamme. Une consécration bien méritée qui place l’appellation parmi les acteurs les plus dynamiques du Rhône.
On ne peut toutefois pas passer sous silence que la vallée du Rhône, dans son ensemble, se porte très bien en CHR : c’est même le 3e vignoble en termes de présence, toutes couleurs confondues, derrière la Bourgogne et Bordeaux. Une place sur le podium qui grimpe d’un rang si l’on ne considère que les vins rouges. Voici notre sélection :
Domaine Verzier, « Empreinte » 2020, AOP Saint-Joseph (rouge)
Domaine familial de 14,7 ha, Philippe Verzier, « benjamin » d’une fratrie de sept enfants tombe en affection pour les ceps noueux et reprend le domaine en 1988, seulement âgé de 19 ans. A l’époque la propriété est en polyculture avec des céréales, des fruits, de la vigne, des vaches et des chèvres. Mais Philippe Verzier veut exclusivement se consacrer aux vignes et débute avec les 2,5 Ha de Saint-Joseph de son père Jean. Il oriente donc le domaine vers la seule vigne et sort de la coopérative pour élaborer ses propres vins : Condrieu, Côte-rôtie et notamment Saint-Joseph).
La cuvée « Empreinte » présente une robe rouge grenat, intense. Le nez révèle des notes de fruits rouges mûrs, des arômes poivrées avec une pointe de violette. En bouche, le vin est ample avec des tanins fins et élégants. La finale est persistante et gourmande. Souple et gouleyant. Ouvrir 2 heures avant dégustation. Servir à 16°C. Domaine Verzier, « Empreinte » 2020, AOP Saint-Joseph (rouge). 18 € au domaine
Domaine Denuzière, Cuvé « J. Denuzière » 2020, AOC Saint Joseph (rouge)
La maison de négoce Denuzière, implantée à Condrieu depuis 1876, est aussi propriétaire de vignes en AOC Cornas et Condrieu. Les raisins sont vendangés à la main et partiellement égrappés une fois en cave. Les vins sont élevés pendant 12 mois sur lies fines en cuves béton et en barriques d’un à trois vins. J. Denuzière propose des vins rhodaniens destinés en grande partie à la restauration lyonnaise.
Ce 2020 né d’une syrah plantée sur granite dévoile un nez bien ouvert sur les fruits noirs et le cumin. En bouche, il apparaît ample, chaleureux, charnu et long, épaulé par de beaux tanins veloutés. Ouvrir 2 heures avant dégustation. Servir à 15°C. Domaine Denuzière, Cuvé « J. Denuzière » 2020, AOC Saint Joseph (rouge). 20 € au domaine
Cave de Tain, « Esprit de Granit » 2017, AOC Saint-Joseph (rouge)
Créée en 1933 par Louis Gambert de Loche, la très qualitative cave coopérative de Tain-l’Hermitage rassemble 310 adhérents et vinifie à elle seule, avec plus de 1 000 ha de vignes, environ 50 % des appellations de la vallée du Rhône septentrionale. Elle possède aussi 26 ha en propre, dont 21 ha en AOC Hermitage. Une valeur sûre de la région, qui s’est dotée en 2014 de structures de production flambant neuves permettant de multiplier les sélections parcellaires.
Issue d’une sélection parcellaire de vignobles de coteaux, cette jolie cuvée déploie un nez mûr, généreusement fruité et poivré. De beaux tanins souples et enveloppants tapissent une bouche assez charnue, fraîche, avec un élevage maîtrisé qui laisse filtrer des notes cacaotées en finale en appoint du fruit. Du charme et de l’harmonie. Tout ce que l’on aime ! Ouvrir 2 heures avant dégustation. Servir à 16°C. Cave de Tain, « Esprit de Granit » 2017, AOC Saint-Joseph (rouge). 28 € au domaine
Cave Saint Desirat, « Cœur de Rochevine » 2019, AOC Saint-Joseph (rouge)
Coopérative fondée en 1960, cette représente à elle seule environ 35% de la production en Saint-Joseph. Un acteur important de l’appellation donc, qui fait rimer quantité avec qualité.
« Cœur de Rochevine » annonce un vin en devenir. Si le nez s’exprime déjà pleinement sur des notes de cassis, de poivre et de camphre, la bouche peut paraître encore austère, dévoilant une texture fraîche et une aromatique racée, arrimées à de solides tanins, fermes et bien mûrs. La finale s’étire sur des notes de menthol. Un vin taillé pour la garde. Ouvrir 2 heures avant dégustation. Servir à 16°C. Cave Saint Desirat, « Cœur de Rochevine » 2019, AOC Saint-Joseph Rouge. 30 € au domaine
Pour info : Atelier de cuisine (préparation des Caillettes) chez Charcuterie Club 07, 18 Chem. du Chambon 07300 Saint-Jean-de-Muzols. t/ 06 13 76 50 78. Retrouvez les produits locaux de la Charcuterie Sylvain Vergnes, 52 Grande Rue 07300 Tournon-sur-Rhône. t/ 04 75 08 24 72. Plus de renseignements ici
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération
