Située entre deux grosses journées de mobilisation, la grève du jeudi 16 février ne devrait pas être de grande ampleur. Les syndicats préfèrent se concentrer sur ce qu’ils annoncent comme une date clé : le 7 mars lors de laquelle ils menacent de mettre le pays « à l’arrêt » si le gouvernement ne renonce pas à reporter l’âge de la retraite à 64 ans, contre 62 aujourd’hui.

Jeudi, les numéros un de l’intersyndicale défileront à Albi, dans le Sud-Ouest, symbole d’une France des petites villes très mobilisée contre la réforme. Un défilé est également prévu à Paris. Bien que la journée prévue soit plus calme, quelques perturbations sont tout de même à prévoir jeudi. Quotidien Libre fait le point.
Perturbations limitées à la SNCF et à la RATP – Les perturbations s’annoncent limitées dans les transports, avec 4 trains à grande vitesse (TGV) sur 5 en circulation et un trafic normal dans le métro parisien ainsi que pour les bus et tramways. A Marseille, la RTM prévoit une fréquence modifiée sur les lignes 1 et 2 du métro et un service quasi-normal sur les lignes de tramway.
En revanche, les usagers des lignes régionales en Ile-de-France pourront être bloqués. La situation sera surtout mauvaise pour les usagers du RER B – dont seul l’axe nord est exploité par la SNCF – et D puisqu’on ne comptera qu’un train sur deux sur ces lignes. Même fréquence pour les lignes de Transilien K, N et R. Sur les lignes H et P ainsi que le RER E, la SNCF prévoit quatre trains sur cinq en circulation en moyenne. Enfin, on comptera deux RER C sur trois et une fréquence identique pour les lignes Transilien J et L.
Les aéroports en grève à Paris et Marseille (notamment) – La Direction générale de l’Aviation civile (DGAC) a demandé aux compagnies aériennes de renoncer préventivement à 30 % de leurs vols jeudi à l’aéroport de Paris-Orly. L’aéroport Marseille Provence est également touché avec 20 % de ses mouvements d’avions annulés jusqu’à 6h vendredi matin.
C’est la première fois depuis le début du mouvement contre la réforme des retraites que d’autres aéroports qu’Orly sont touchés par ces demandes d’« abattements », nécessaires au nom de la sécurité : il s’agit de mettre en adéquation le trafic aéroportuaire et le nombre de contrôleurs disponibles pour le gérer. Lors des trois premières journées de mobilisation, la DGAC avait requis l’annulation de 20 % des mouvements à Orly, tandis que lors de la quatrième, samedi dernier, aucune mesure préalable n’avait été prise. Or, des contrôleurs avaient cessé le travail alors que les grands syndicats avaient appelé à manifester, mais pas à faire grève, quel que soit le secteur.
Quelques baisses de production dans les centrales – Dans le secteur de l’énergie, la CGT, en pointe sur les grèves reconductibles à compter du 7 mars, appelle à faire grève mais « essentiellement » pour assurer la « participation aux manifestations », a indiqué Sébastien Ménesplier, secrétaire général de la CGT-Energie.
Néanmoins, « dès que l’on pourra faire des baisses de production dans les centrales hydrauliques, thermiques et nucléaires, on le fera », a-t-il prévenu. Ces baisses de production, très encadrées par le gestionnaire du réseau de lignes à haute et très haute tension RTE, n’entraînent généralement pas de coupures de courant et affectent principalement les finances d’EDF. Dès mercredi après-midi, de nombreuses centrales hydroélectriques se sont mises en grève, notamment la plus puissante de France, à Grand’Maison (Isère), rendant indisponibles pour le réseau l’équivalent de quelque 3 000 MW.
Sébastien Ménesplier se rendra lui-même sur le site de stockage de gaz de Gournay-sur-Aronde (Oise) où la CGT compte mettre en place des barrages filtrants comme sur cinq autres sites de stockage, sans incidence dans l’immédiat pour le grand public. Du côté du raffinage, ce sont aussi essentiellement « des appels à participer aux manifs » qui sont prévus, a indiqué Eric Sellini, coordinateur CGT pour TotalEnergies. Seule la bioraffinerie de La Mède (Bouches-du-Rhône) devrait suspendre les expéditions de carburants vers les dépôts.
Quelques universités fermées – Les syndicats enseignants ne communiquent pas d’estimations sur le taux de grévistes attendu dans l’Education nationale en cette période de vacances scolaires en France (les zones A et B sont déjà en vacances et la zone C le sera ce vendredi soir).
L’intersyndicale de l’Education, qui réunit les sept principaux syndicats enseignants, a cependant appelé à « fermer totalement les écoles, collèges, lycées et services » le 7 mars si le gouvernement et le Parlement « restent sourds » à la mobilisation contre la réforme des retraites. Des sites universitaires ont été fermés mercredi à Paris (Tolbiac-Université Paris 1) en raison de blocages par des étudiants ou de possibles occupations.