Pour arriver au plus vite à l’examen de l’article 7, qui acte le passage de l’âge légal à 64 ans, la Nupes a retiré de très nombreux d’amendements. Il en reste encore toutefois entre 4 000 et 5 000.

La coalition de gauche Nupes a décidé mercredi 15 février au soir de retirer des centaines d’amendements à la réforme des retraites. L’objectif : examiner d’ici la fin de la semaine l’« article 7 » décrié qui prévoit le recul de l’âge de départ à 64 ans.
LFI a retiré « plus d’un millier » d’amendements en fin de soirée et les socialistes « 90% des leurs », a indiqué à Quotidien Libre une source parlementaire. Lors d’un point presse ce jeudi, le parti communiste a lui annoncé le retrait de la totalité des 350 amendements qu’il avait déposé. Le PC appelle tous les autres parlementaires à faire de même.
L’objectif, c’est de passer au vote, nous espérons le plus vite possible, sur ce fameux article 7
a expliqué le député PS Philippe Brun, jugeant qu’il y avait « une majorité possible dans l’hémicycle pour voter contre » la mesure d’âge qui cristallise l’opposition à la réforme.
Nous voulons arriver à l’article 7
Quelque 4 000 à 5 000 amendements restent à discuter avant d’aborder l’article 7, dont une bonne part venant des insoumis, alors que l’examen du texte en première lecture doit s’achever vendredi à minuit à l’Assemblée.
Retraites: la Nupes retire plusieurs centaines d'amendements pour faire avancer les débats pic.twitter.com/Gny8BqtwAb
— BFMTV (@BFMTV) February 16, 2023
Les débats mercredi se sont longuement attardés sur les pistes de financement de la gauche, présentées comme des alternatives à la mesure d’âge. L’Assemblée a notamment rejeté des amendements de la Nupes (LFI, PS, EELV, PCF) demandant « de rétablir et renforcer » l’impôt sur la fortune ou encore d’augmenter la CSG sur le capital, afin de dégager de nouvelles ressources pour les retraites.
« Nous voulons arriver à l’article 7, nous voulons ralentir les débats, nous voulons que ça se voit que le gouvernement ne veut pas y aller » a insisté en sortie de séance la député écologiste Sandrine Rousseau au micro de BFM, comme vous pouvez l’entendre dans la séquence ci-dessous. Thomas Laportes, député de la coalition Nupes-PS, a lui expliqué que son groupe avait retiré « 90 % » de ses amendements.
Ces amendements « permettent un certain moment de vérité », a ironisé dans l’hémicycle le ministre des Comptes publics Gabriel Attal. « Vous avez enfin reconnu qu’il y avait un problème de financement après l’avoir nié pendant des mois ».
« Personne ici n’a nié le déficit » à venir, « ce que nous contestons, c’est votre vision catastrophiste », a rétorqué la députée écologiste Marie-Charlotte Garin. « Il y a d’autres moyens que les 64 ans » pour apporter de nouvelles ressources, a renchéri sa collègue Eva Sas.
Ils veulent « imposer » le débat
« Vous avez voulu éviter ce débat, nous vous l’imposons aujourd’hui », a dit le député communiste Pierre Dharréville, tandis que le chef de file des socialistes Boris Vallaud a reproché au gouvernement de préférer « un impôt sur la vie à un impôt sur les riches ».
« Avec vous, c’est la multiplication des pains, mais nous ne sommes pas à Lourdes ici », a critiqué de son côté le député Renaissance Eric Alauzet, raillant comme d’autres dans le camp présidentiel les propositions de la gauche.
La majorité a aussi plusieurs fois visé le groupe de Marine Le Pen (RN), qui a déposé mercredi une motion de censure. « C’est votre droit » de déposer une motion de censure, a dit Gabriel Attal, mais « vous, il n’y a pas besoin de vous censurer, vous ne dites rien, vous êtes muets, vous n’avez aucune proposition ».
En fin de séance, les députés ont adopté un amendement du groupe Renaissance visant à harmoniser le régime social applicable aux indemnités de rupture conventionnelle, afin de « supprimer l’incitation » à y recourir avant l’âge légal du départ en retraite. La Nupes a plusieurs fois demandé une prolongation des débats au-delà de la limite prévue vendredi à minuit, qui rend incertain un vote sur l’article 7. « Chers collègues, annulez vos vacances au ski et prolongeons nos débats », a appelé l’Insoumis Louis Boyard.