Depuis mercredi, les terrasses sont ouvertes dans les restaurants et cafés, en tout cas ceux qui n’ont pas mis la clé sous la porte. Un enthousiasme médiatique et politique qui a viré au ridicule.
Nous sommes en 2021 et, devinez quoi ? Les Français ont le droit de prendre un verre en terrasse ! L’enthousiasme quasi unanime des médias sur cette réouverture et la mise en scène sur les réseaux sociaux par des personnalités politiques notamment a franchement viré au sketch mercredi dernier. Partout on pouvait voir cette réouverture comme une victoire ; un retour du savoir-vivre à la française. En somme, 1 500 ans de civilisation pour résumer la France à boire un coup en terrasse. Plutôt fort de café, non ?
Mais l’assaut escompté des terrasses n’a pas eu lieu. Certains font donc fait un crochet pour prendre un café quand d’autres qui, ayant apparemment du temps, ont fêté « ça » en dépensant le quart d’un SMIC pour s’offrir du champagne. Et si les terrasses ont attiré l’attention de quelques français, c’est aussi à cause de l’opération de com’ rondement bien menée de l’actuel pensionnaire de l’Elysée ; une opération faite d’apparentes chaleur humaine et de sourires quand les gestes barrières, dont on nous rebat les oreilles depuis des mois, ne sont apparemment pas de rigueur pour Macron. En effet, alors qu’il sirotait mercredi son café noir avec le premier ministre Castex, sur une terrasse apparemment privatisée, le président a enlevé son masque face au serveur ne respectant évidemment pas les mesures qu’il tente d’imposer aux Français. La ministre Marlène Schiappa, comme bien d’autres, nous a aussi gratifié de son petit thé matinal à 10 € pour faire « peuple », avant un « copieux » Conseil des ministres. Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, « grand » spécialiste de la relance devrait, lui, avoir du mal à relancer les cafés à en croire la photo qu’il a publié sur son compte Twitter. Il apparaît en terrasse… sans consommation
L’indécence et le ridicule de la politique française contemporaine a donc joué à plein cette semaine. Mais cette réouverture ne concernait pas que les cafés, les musées aussi où les jauges limitant le nombre de clients-visiteurs ont inévitablement provoqué des files d’attente, lieu idéal pour une potentielle circulation du covid. Les cinémas ont également ouvert, mais avec le couvre-feu à 21h, les séances seront sûrement prises d’assaut en fin de semaine.
Derrière la bonne humeur artificielle des réseaux sociaux et des reportages vus ici ou là, se cachent des milliers de fermetures effectives, mais aussi la menace de faillite pour des dizaines de milliers de restaurateurs. Si personne ne semble se mettre d’accord sur les chiffres, la survie simulée de l’économie française avec les aides de l’État aura souvent eu un effet suspensif avant fermeture. La réouverture partielle, elle, ne permettra pas à de nombreux établissements de tenir le coup. Et voir des ministres se pavaner, 100.000 morts après le début de la crise, avec un chômage qui risque d’exploser à l’horizon 2022 avec les conséquences sociales et sécuritaires que cela implique, n’a rien de très réjouissant. Après avoir donné l’eau à la bouche des badauds avec des confinements en demi-teintes, les autorités sanitaires pourraient désormais s’attaquer au Pass sanitaire avec les conséquences tragiques sur les libertés fondamentales que cela implique. « Liberté ! Liberté chérie, Combats avec tes défenseurs ! » (couplet VI, Paroles de la Marseillaise)