Devant un hémicycle clairsemé, le Premier ministre Castex a défendu mardi à l’Assemblée nationale le décalage d’une semaine du scrutin des Régionales et Départementales 2021. Dans ce scénario, dont le vote a été marqué par un faible boycott des oppositions par 443 voix contre 73 (13 abstentions), le premier tour devrait avoir lieu le dimanche 20 juin, au lieu du dimanche 13. Le second tour serait organisé le dimanche 27 juin.
La question était sur toutes les lèvres, une question à laquelle la bande à Macron n’apportait aucune réponse, comme à son habitude. Les élus locaux consultés en catimini et au dernier moment étaient remontés contre l’exécutif qui a finalement pris une décision au sein de l’Assemblée nationale mardi après-midi, après les traditionnelles Questions au Gouvernement (QAG) : la macronie maintient les prochaines élections Régionales et Départementales au risque d’envisager une contamination supplémentaire au covid en France. Le retard à l’allumage pour ce scrutin, censé se dérouler les 13 et 20 juin prochain, devrait avoir lieu mais ultérieurement, les 20 et 27 juin 2021.
C’est à moins de deux mois de l’échéance que les rapetous de la macronie se réveillent, estimant utile de consulter les élus. Une démarche vivement critiquée par ces derniers et par la puissante Association des Maires de France (AMF) présidée par François Baroin. L’AMF avait pourtant été consultée et avait donné son accord pour les dates prévues avec un protocole sanitaire prédéfini. Mais en vain… L’exécutif a envoyé un mail aux mairies vendredi dernier aux alentours de 19h. Les réponses dans de telles circonstances et à une telle heure n’ont pas été nombreuses et comme le rappelle le président du groupe écologiste (EELV) au Sénat, Guillaume Gontard, cela témoigne d’une méconnaissance crasse du fonctionnement d’une petite mairie. Si l’explication de la méthode est clairement politique, peu de petites et grandes mairies sont dirigées par des élus favorables à la majorité présidentielle.
L’AMF semble aussi vexée que le gouvernement l’ait court-circuitée au sujet de la consultation des élus. Elle a estimé que les édiles ne disposaient pas de suffisamment d’informations nécessaires pour répondre. L’Association française démontre en outre la manœuvre politique gouvernementale visant à faire porter la responsabilité d’un report ou d’un non-report aux élus locaux. Et c’est là un fil conducteur de la gouvernance En Marche ! : décentraliser et consulter l’échelon local seulement quand cela permet de diluer ses propres responsabilités.
Les élus les plus en pointe dans la critique de cette manœuvre se situent à droite. Le patron des sénateurs Les Républicains, Bruno Retailleau, a dénoncé les méthodes de l’exécutif alors que le maire de Villeneuve Loubet, Lionel Lucas (LR), dénonçait une manœuvre politicienne consternante. Du côté de la majorité, on se défend évidemment en invoquant un épais dialogue avec les élus et les cadres LREM. Les ralliés à la macronie étaient également plutôt favorables à un report. Le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, avait proposé, lui, de déplacer les scrutins au mois d’octobre… !? François Bayrou, en toutou pataud du monarque présidentiel, avait aussi aboyé en ce sens. Rallié sans l’être à Macron, mais un petit peu quand même, quoique, le maire de Nice, Christian Estrosi – qui semble-t-il est désormais expert en vaccination – estimait qu’il fallait organiser le scrutin une fois que tous les Français auraient été vaccinés. C’est à se demander si ceux qui refuseront la « sainte » injection ne seront pas privés de leurs droits civiques.
Au rayon des propositions pour la bonne tenue du scrutin, des éléments plus ou moins grotesques sont légion. Au bac à légumes des décisions idiotes, le vote en plein air tout d’abord. Une solution envisagée par un Parti socialiste avarié à la traîne dans les sondages. En cas de pluie diluvienne, fourniront-ils des parapluies ? La vaccination obligatoire des assesseurs était aussi envisagée par certains ; les assesseurs sont âgés pour la plupart mais cela ne devrait pas poser de problème. En revanche, conditionner l’autorisation de tenir un bureau de vote à la simple vaccination reste imbécile et juridiquement délicat. L’extrême-gauche France insoumise et son chef-camarade Mélenchon réclament pour leur part la mise à disposition de masques FFP2 gratuits ; des masques qui seront donc payés par le contribuable. On évoque également l’équipement de purificateurs d’air, ce que l’État n’a pas été capable d’installer dans les écoles en seulement un an. En bref… Un second débat aura lieu jeudi au Sénat sur la tenue de ces scrutins. La Chambre Basse est en effet la plus indiquée sur cette question puisqu’elle représente les élus locaux. Le président du Sénat Les Républicains, Gerard Larcher, est farouchement hostile au report des élections. Il a affirmé dimanche dernier qu’il saisirait le Conseil constitutionnel en cas de déplacement de ces élections cruciales pour l’avenir du pays. Ira-t-il jusque-là ? Roule ta bille !