Le président ukrainien porté aux nues par les médias occidentaux, victime malgré lui de l’invasion russe, se situe assez loin de l’image soignée qui peut en être fait. [décryptage].
La presse occidentale est unanime ! Volodymyr Zelensky, le président ukrainien est un héros au sang-froid. Rien que ça. Depuis le 24 février dernier sous invasion de son pays par l’armée russe, il personnifie à l’ouest la résistance à l’envahisseur qu’il aurait désigné comme cible prioritaire. Le chef de l’exécutif ukrainien alimente d’ailleurs sa bonne réputation en s’adressant régulièrement au peuple habillé en treillis militaire comme s’il revenait lui-même du front, mais sans les traces de boue causée par la Raspoutitsa.
Pourtant dans les vidéos, M. Zelensky ne s’est plus montré dans les rues de Kiev depuis le 26 février et il pourrait tout aussi bien avoir été mis à l’abri en dehors des frontières de son pays. Il n’est pas jusqu’à l’ancien président Petro Porochenko – également avide d’une image de chef de guerre – à s’être rangé du côté de son successeur dès le début du conflit, après avoir été battu aux élections ou Zelensky avait recueilli 73 % des voix au deuxième tour.
Une victoire écrasante et inattendue pour un homme de 44 ans
Volodymyr Zelensky était comique à la télévision, sans aucune expérience politique. Né en 1978 de parents de descendance juive, il accède à une notoriété nationale en 2006 en remportant la première édition ukrainienne de « Danse avec les stars ». L’ancien étudiant de droit imagine ensuite une série télévisée. Il y campe le rôle d’un professeur d’histoire devenant malgré lui président de l’Ukraine. Trois saisons et 51 épisodes plus loin, la fiction remporte un immense succès et devient réalité.
Difficile toutefois de faire oublier les nombreuses frasques du personnage comme ce sketch où il fait semblant de jouer du piano avec sa bite. Un mélange entre dérision et pouvoir qui fait tache en temps de guerre, c’est donc une synthèse pour le moins originale que Volodymyr Zelensky a visiblement réussi à incarner une sorte de bouffon du roi, devenu roi. Une partie de l’opinion publique ukrainienne voit d’ailleurs en lui une personnalité antisystème. Un visage populiste que soigne Zelensky en intitulant son parti « Serviteur du peuple » du nom de sa série à succès.
Mais cette image s’est estompée depuis son élection, écorné surtout en 2021 par les Pandora Peppers, ayant levé le voile sur un vaste réseau de sociétés offshore et de biens immobiliers détenus à l’étranger dont une propriété à quelques mètres du palais de Westminster. Pas vraiment ce que l’on attend d’un véritable serviteur du peuple.
Une acquisition immobilière très surprenante et qui peut laisser penser qu’il entretient des relations étroites avec des financiers philanthrope bien connus pour leur agitation dans les événements du Maïdan. Son parcours reste finalement très éloigné de la réalité du pouvoir contrairement à Vladimir Poutine qui lui a déclaré la guerre. Pour l’ancien officier du KGB, le champion du camp occidental ne fait pas le poids. Mais Volodymyr Zelensky est sans doute en train de s’imposer dans un autre domaine de conflictualité: la guerre de l’information.
Devenue une icône médiatique mondiale, l’ancien pitre de café-théâtre n’arrêtera pas les chars avec ses discours mais peut espérer sauver son « cul ». Qu’en est-il des milliers d’Ukrainiens qui, eux, traversent leur pays dans le froid, la peur au ventre. Imprévisible et récemment très remonté contre les États occidentaux, il pourrait changer son fusil d’épaule et envisager la paix au risque de voir ses généreux soutiens occidentaux révéler de petits secrets qui pourraient mettre fin prématurément à sa success story. Le monde politique est une jungle.