Le rover Curiosity a repéré des rides de courant sur les contreforts du mont Sharp, sur la planète rouge. Précisément là où on ne les attendait pas.

C’est l’une des plus belles preuves de la présence ancienne d’eau liquide jamais découverte à la surface de la planète Mars. Sans aucun doute la plus évidente pour les non-spécialistes. Après plus de dix années passées à sillonner le cratère d’impact de 115 kilomètres de diamètre, appelé cratère Gale, le rover Curiosity de la Nasa vient d’y photographier des rides de courant fossilisées, selon une information du journal Le Point. Mais de quoi s’agit-il exactement ?
Tout simplement d’ondulations asymétriques du sol que l’on peut parfois sentir sous ses pieds lors d’un bain de mer et que l’on découvre à marée basse quand l’eau se retire. Elles trahissent l’action du courant et des vagues sur les sédiments gisant au fond de l’eau et peuvent parfois être préservées, tel un fossile, lorsque ces sédiments sont transformés en grès ou en calcaire par la suite. Sur Terre, les géologues les utilisent pour retracer la direction des courants au niveau d’anciens rivages et d’antiques lits de rivière. Autant dire qu’en trouver à la surface de Mars a quelque chose d’un peu magique. Cela dit, si on les avait trouvées au fond du cratère gale, les scientifiques, qui ont d’ores et déjà établi que cette dépression avait autrefois abrité un lac, n’auraient pas été très surpris…
Le plus étonnant est en effet que ces rides de courant se trouvent précisément là où personne ne s’attendait à les trouver : à près de 800 mètres d’altitude, sur les contreforts du mont Sharp rebaptisé officiellement Aeolis Mons, une montagne située au cœur du cratère Gale. Haut de cinq kilomètres, ce relief intéresse beaucoup les scientifiques car sa stratification fournit une sorte de « chronologie martienne » avec les couches les plus anciennes en bas et les plus jeunes en haut. Or, si la découverte de ces rides de courant a tant surpris les spécialistes, c’est parce qu’elles se trouvent sur des terrains riches en sulfates censés correspondre à une période où la planète Mars avait déjà commencé à s’assécher pour devenir le désert qu’elle est aujourd’hui. Une zone où ils imaginaient très bien l’écoulement de minces filets d’eau mais pas d’impétueux torrents et encore moins de lacs.
La plus récente preuve de présence d’eau jamais découverte
Pourtant, tout indique désormais que des vagues à la surface d’une étendue d’eau peu profonde ont agité là des sédiments, créant au fil du temps, il y a plusieurs milliards d’années, cette texture ondulée imprimée dans une roche si dure que Curiosity n’a pas pu y prélever le moindre échantillon. Et ce n’est pas le seul indice d’une présence d’eau plus abondante qu’attendu dans cette zone. En effet, à l’horizon, dans une vallée nommée Gediz Vallis, l’équipe du rover pense avoir identifié le lit d’une rivière et des traces de glissement de terrain humide. Vu sa position, il s’agirait là de la plus récente preuve de présence d’eau jamais découverte par Curiosity à la surface de la planète rouge. Ces nouveaux éléments vont donner du grain à moudre aux planétologues qui cherchent à retracer l’histoire de cette planète voisine de la Terre qui a bien mal tourné.