Si certains rêvent d’une union solide à droite, d’autres à gauche croient toujours à une candidature de rassemblement. Un demi-million d’électeurs, tous issus de la gauche plurielle, vont devoir choisir leur « champion », mais les principaux candidats ont d’ores et déjà annoncé qu’il ne reconnaîtront pas le résultat.
467 000 inscrits à la primaire populaire, un score pour une primaire organisée en marge des partis mais une démarche qui ne devrait servir à rien, si ce n’est à fracturer encore un peu plus la gauche française. Jusqu’au dimanche 30 janvier, les électeurs inscrits pourront choisir un candidat à la gauche pour l’élection présidentielle. Problème : trois candidats ont d’ores et déjà annoncé qu’il ne reconnaîtront pas le résultat de ce scrutin.
Il s’agit de Jean-Luc Mélenchon (LFI) promis au meilleur classement dans les sondages, suivi de Yannick Jadot, élu dans une primaire interne aux Verts (EELV) et Anne Hidalgo. Cette dernière qui reste bêtement attachée à un parti qui dirige peut-être pour la dernière fois la moitié des régions de France, le mourant Parti socialiste, avait renoncé très tôt à cette primaire avant d’entrouvrir la porte pour finalement renoncer. La seule candidate qui semble voir cette initiative d’un bon œil pourrait être Christiane Taubira, déclarée sans programme ni parti politique, même si le Parti Radical de Gauche (PRG) a décidé de la soutenir. Notons qu’à l’élection présidentielle de 2002, la candidate était arrivée treizième du premier tour de scrutin, dotée du decompte honorable de 2,32 % des voix.
Le candidat communiste Fabien Roussel n’a, lui, pas été retenu parmi les candidats car ayant reçu trop peu de parrainages. Etonnant quand on sait que, parmi les candidats, figurent des personnalités peu connues comme l’eurodéputé Pierre Larrouturou, Charlotte Marchandise-Franquet ou encore la militante écolo-féministe Anna Agueb-Porterie. A côté d’eux, « l’âne de Paris » (Anne Hidalgo, NdlR), le candidat de La France Insoumise ou encore celui d’Europe-Écologie-Les Verts font naturellement figure de favoris. Il reste que ces trois candidats ne veulent pas de ce scrutin.
Les organisateurs, eux, claironnent avoir largement réussi leur pari en dépassant le nombre de participants inscris à la primaire Les Républicains (LR) et ses 140 000 électeurs. Il s’agit cependant d’avoir à l’esprit que cette primaire LR était une élection interne. Si l’on compare le nombre d’inscrits précités à un scrutin ouvert, il s’agit d’opposer ces chiffres à la primaire ouverte de LR en 2016 ou même à celle du Parti socialiste la même année. Alors, 4 millions et demi d’électeurs à droite et 2 millions à gauche avaient voté. De quoi relativiser l’enthousiasme des organisateurs.
Au regard du chiffre insignifiant de participants s’ajoutent l’environnement délétère qui entoure l’initiative. En effet les candidats Mélenchon, Jadot et Hidalgo ont demandé à être retiré de la liste de candidats après la diffusion d’une vidéo de l’un des initiateurs de la primaire. En effet Samuel Grzybowski invitait une partie des électeurs concernés à empêcher les candidatures de ceux qui ne reconnaîtraient pas la primaire populaire, en parasitant leur campagne à travers les parrainages ou en les attaquant sur les réseaux sociaux notamment.
La méthode de vote se veut pour le moins « originale » avec des notes attribuées aux candidats, et celui qui aura la meilleure évaluation médiane l’emportera. Au-delà de ce mode de scrutin pueril, la manière dont cette primaire a été organisée n’existe pas sans poser de réels problèmes. Ainsi Jean-Luc Mélenchon a tenu à prendre ses distances avec cette initiative :
[…] Je tiens à vous redire très solennellement que je ne veux être impliqué d’aucune façon dans cette histoire qui, en plus, commence à avoir de drôles d’aspects puisque c’est beaucoup de renseignements qui ont été donnés en même temps que les adresses e-mails, que maintenant il est question de donner des numéros de carte bancaire. Donc nous n’avons rien à voir avec tout ça.
Deuxièmement, je ne sais pas qui sera désigné par cette méthode invraisemblable, car vous savez que ce n’est pas une élection, ce n’est même pas une investiture, c’est un choix préférentiel. Bon… Je ne sais pas qui va être désigné, mais en tout cas, nous, quelle que soit la situation, nous n’inclurons jamais dans nos comptes de campagne les dépenses qui auront été faites là. Et nous n’inclurons jamais les 18 permanents politiques à temps plein que cette association a embauché pour faire cette campagne.
Une primaire qui pourrait finir devant les tribunaux et anéantir définitivement les fantasmes d’union à gauche. Des extravagances entretenues par une simple poignée de parisiens « blancs de peau » qui – s’ils pensaient faire un grand coup médiatique – devraient laisser derrière eux un candidat crédité au mieux à 3 % d’intentions de vote, allant jusqu’à pousser une « chansonnette » somme toute assez débile.