La bande à Macron se lance dans la course aux réseaux sociaux. Pour mieux s’adresser aux jeunes, l’exécutif multiplie les échanges sur les différentes plateformes. Symbole de cette nouvelle démarche sournoisement électoraliste, une émission mensuelle accompagnée d’influenceurs va être prochainement lancée.
YouTube, Twitch, Instagram, Twitter ou encore Tic-Toc… ce sont les nouveaux outils préférés de la macronie. En grande difficulté dans le monde réel, le gouvernement tente de se donner une seconde jeunesse en envahissant les réseaux sociaux. Après un lancement annulé en octobre dernier pour cause de confinement, le porte-parole jeunot du gouvernement, Gabriel Attal, s’apprête à animer sa première émission en live de l’Élysée. Une semaine sur quatre, le plus jeune membre gouvernemental décryptera le Conseil des ministres en direct sur Twitch et sur Youtube, depuis un studio (payé par le contribuable, NDLR) situé dans une annexe de l’Élysée. Il sera entouré d’une poignée d’invités triés sur le volet, notamment de jeunes influenceurs venus du net. Un point d’orgue pour Attal qui, depuis plusieurs mois, incarne la nouvelle stratégie gouvernementale.
Tous les dimanches déjà, il échange avec des jeunes filles et garçons sur Twitch ou Instagram pour répondre aux questions des followers. Et derrière lui, c’est toute la macronie qui suit le mouvement, le pensionnaire de l’Elysée au premier plan. Une politique spectacle ou Macron n’hésite plus à se mettre en scène pour tenter de rafraîchir sa communication ringarde. Dernier exemple en date, le chef de l’État a lancé un défi aux youtubeurs McFly et Carlito leur demandant de réaliser une chansonnette au sujet des gestes barrières. Va-t-il leur demander aussi de réfléchir à de nouveaux menus pour les cantines lyonnaises ? Bref, des vidéos à destination des starlettes d’Internet, mais aussi à destination du grand public, en témoigne un montage daté du 18 décembre dernier, où Macron s’est exprimé sur Twitter pour pleurnicher sa positivité au covid : « Bonjour. Nous sommes vendredi et je voulais m’adresser à vous parce que, comme vous le savez, hier matin j’ai été testé positif à la covid-19. Après avoir éprouvé deux premiers symptômes, j’ai donc fait le test, et après avoir été testé positif, je me suis tout de suite isolé comme les règles sanitaires nous demandent de le faire… »
Un jeu d’acteur et un modèle presque parfait pour des photos postées sur Instagram, et qui n’ont pas manqué de faire l’objet de détournement sur ce même réseau social. Mais de ce point de vue-là, Macron n’a rien à envier à la secrétaire d’État Marlène Schiappa qui, après avoir fait la promotion de son coiffeur, effets de cheveux en prime, a fait une entrée théâtrale sur Tic-Toc sous la forme d’une courte vidéo dans laquelle elle tente de parodier la célèbre phrase : « Salut à toi, jeune entrepreneur ». Le tout doté d’une chanson de Beyoncé en fond sonore, la prestation n’est pas franchement du meilleur goût pour une ministre de la République. Pauvre Beyoncé…
Un président et des ministres qui s’amusent sur la « toile », un véritable spectacle de « guignols » bien loin des préoccupations des Français… Malgré le peu de sérieux de la démarche, certains n’hésitent plus à reprendre ces nouveaux codes au sein même des institutions, comme à l’Assemblée nationale où la députée LREM, Laetitia Avia, a salué toute une frange de followers : (…) et à vous mes chers trolls, haters, têtes d’œuf anonymes qui vous croyez seuls cachés derrière vos écrans, vous qui êtes infiniment petits et lâches, sachez que nous nous battrons pour vous trouver et vous mettre face à vos responsabilités, car ce que nous engageons c’est la fin de l’impunité.» Des organismes officiels et des élus qui utilisent à outrance le dialogue via les réseaux sociaux avec des influenceurs prépubères pour tenter de faire passer le bonbon au chocolat à un public plus jeune, voilà une manière de se forger un nouvel électorat à un an seulement de l’élection présidentielle, mais aussi d’éviter le contact direct avec les Français, ce qui s’apparente à du mépris.