Le Petit Palais présente, pour la première fois en France, une grande rétrospective dédiée au peintre anglais Walter Sickert (1860-1942) conçue en partenariat avec la Tate Britain. Cet artiste résolument moderne, aux sujets énigmatiques et souvent déstabilisants, est peu présent dans les collections françaises. Cette exposition est l’occasion de (re)découvrir cet artiste si singulier qui eut un impact décisif sur la peinture figurative anglaise, notamment sur Lucian Freud.

Le parcours de l’exposition suit un fil chronologique tout en proposant des focus thématiques sur les grands sujets traversés par son œuvre. La première section, à travers une sélection d’autoportraits peints tout au long de sa vie, permet d’appréhender sa personnalité à la fois énigmatique, complexe et séduisante.
Très provocateur, dans le contexte d’un art académique anglais relativement corseté, Walter Sickert peint des sujets alors jugés trop audacieux comme des scènes de music-hall ou, plus tard, des nus dés-érotisés, présentés de manière prosaïque dans des intérieurs pauvres de Camden Town. Ses choix de couleurs aussi virtuoses qu’étranges, hérités de son apprentissage auprès de Whistler, ainsi que ses cadrages déroutants frappent ses contemporains.
À partir de 1890, il voyage de plus en plus régulièrement à Paris et à Dieppe jusqu’à s’installer de 1898 à 1905 dans la station balnéaire dont il peint de nombreuses vues. Il est alors très influencé par la scène artistique française et devient un proche d’Edgar Degas, Jacques-Émile Blanche, Pierre Bonnard, Claude Monet ou encore Camille Pissarro. De retour à Londres en 1905, il diffuse sa fine connaissance de la peinture française en Angleterre par ses critiques, son influence sur certaines expositions ou par son enseignement. Il débute à ce moment-là sa série des « modern conversation pieces » qui détourne les scènes de genre classique et traditionnel de la peinture anglaise en des tableaux ambigus, menaçants voire sordides dont le plus célèbre exemple est celui de la série des « meurtres de Camden Town ».
À la fin de sa carrière, durant l’entre-deux-guerres, Sickert innove en détournant et transposant en peinture des images de presse, processus largement repris à partir des années 1950 par des artistes comme Andy Warhol. S’il ne franchit pas le pas de l’abstraction, il provoque sans cesse le milieu de l’art et le public par ses inventions iconographiques et picturales.
La postérité de son œuvre est palpable dans le travail de nombreux artistes des générations suivantes. La scénographie, signée par Cécile Degos, est rythmée par différentes ambiances colorées et aérée, créant des perspectives d’une salle à l’autre. Le parcours est ponctuellement animé par des sections aux ambiances plus immersives, comme celle consacrée au music-hall.
Les dispositifs de médiation s’appuient d’une part sur un jeu audio, conçu à partir d’archives, qui fait parler Sickert et les personnalités qui l’ont côtoyé, et d’autre part sur une table numérique qui permet de faire l’expérience de la lanterne de projection, un des procédés de transposition dont Sickert revendique l’emploi. L’exposition est organisée par la Tate Britain et le Petit Palais, Paris Musées. A découvrir urgemment !
Walter Sickert, Peindre et transgresser au Petit Palais, Avenue Winston-Churchill Paris (VIIIe) jusqu’au 29 janvier 2023. t/ 01 53 43 40 00. Tarif (plein) : 15 €, (réduit) : 13 €. Gratuit aux – 18 ans. Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h. Les vendredis et samedis jusqu’à 19h. Fermé le 1er janvier 2023. Plus de renseignements sur petitpalais.paris.fr