Le budget 2025 est enfin sur la table, et avec lui une pluie de critiques. La promesse était claire : réduire le déficit public à 5 % d’ici l’année prochaine. Mais le prix à payer est salé, et ce sont 4 000 postes d’enseignants qui disparaîtront. Une annonce qui secoue la classe politique, de droite à gauche. Mais surtout, une question qui s’impose : quel avenir pour l’éducation dans ce tourbillon de coupes budgétaires ?
L’exécutif de Michel Barnier, en quête de 60 milliards d’économies, semble avoir trouvé dans l’Éducation nationale une cible privilégiée. Comme souvent, l’école devient le champ de bataille où se jouent des arbitrages budgétaires douloureux. Quatre mille enseignants en moins, et ce, principalement en maternelle et en primaire, là où l’apprentissage se forge et où chaque enseignant compte. On parle souvent d’un « investissement pour l’avenir » quand il s’agit d’éducation. Aujourd’hui, cet avenir semble compromis, sacrifié sur l’autel de la rigueur budgétaire.
À droite, Jean-Philippe Tanguy du Rassemblement national fustige une répartition des efforts « très mal équilibrée ». En clair, il pointe du doigt un budget où ce sont toujours les mêmes qui paient. Une remarque qui, à sa manière, rappelle que les classes moyennes et populaires sont les grandes perdantes de ces ajustements. Pourtant, à bien y regarder, l’éducation ne devrait-elle pas être l’un des rares sanctuaires protégés de ce genre de coupes ?
À gauche, c’est une levée de boucliers immédiate. Jean-Luc Mélenchon, sur X, crie à la « calamité » et parle de « l’organisation de l’ignorance ». Une formule forte, comme il sait les brailler. Mais au-delà de la rhétorique, le malaise est palpable. La France insoumise et le Parti communiste dénoncent un véritable abandon de l’école publique. Une école qui, au fil des années, semble porter seule le poids des crises successives.
Mais cette crise est avant tout celle d’un système où la logique comptable prend le pas sur tout. Moins d’enseignants, c’est moins d’argent à dépenser, certes. Mais que gagne-t-on vraiment ? À l’heure où le rôle de l’école est plus décisif que jamais, que signifie ce désengagement ? Dans une société où les inégalités se creusent et où les enfants des milieux défavorisés sont les premiers à souffrir de la baisse des moyens, cette coupe ressemble à une trahison de l’idéal républicain.
Le gouvernement justifie ces suppressions en avançant des arguments de rationalisation. Dans un contexte de baisse démographique, il y aurait moins d’élèves à scolariser, donc moins besoin de professeurs. Une équation qui semble implacable sur le papier. Pourtant, cette vision purement arithmétique oublie une chose : l’éducation n’est pas une industrie où l’on ajuste les effectifs à la production. Il s’agit de former des esprits, d’accompagner des enfants dans leurs apprentissages, et ce travail nécessite plus que des calculs de coût.
Une vision étriquée de l’avenir
Ce budget 2025, au-delà des chiffres, reflète une vision à court terme. Il tente d’équilibrer les comptes sans penser aux conséquences humaines et sociales de ces décisions. On taille dans les effectifs, on ferme des classes, mais que restera-t-il de l’école d’ici dix ou vingt ans ? Les enseignants sont déjà en difficulté face à des classes surchargées, avec des conditions de travail de plus en plus difficiles. Cette nouvelle coupe ne fera qu’aggraver la situation.
L’austérité budgétaire, en soi, n’est pas un mal nécessairement. Il est évident qu’il faut gérer les finances publiques avec rigueur. Mais lorsque cette rigueur se transforme en un bulldozer qui écrase les services publics essentiels, elle devient contre-productive. Ce budget semble l’illustration d’un paradoxe français : d’un côté, on parle d’éducation comme priorité nationale ; de l’autre, on ne cesse de rogner les moyens de cette priorité.
Et maintenant ?
Ce projet de loi de finances n’en est qu’à ses débuts. Les débats parlementaires s’annoncent houleux, et l’opposition promet d’y faire barrage. Mais au-delà des batailles politiques, c’est la question de la place de l’éducation dans notre société qui est posée. L’école est-elle un bien commun à protéger coûte que coûte, ou une simple variable d’ajustement dans les budgets ?
Derrière les chiffres, ce sont les enfants, les enseignants, les parents qui feront face aux conséquences. En 2025, la rentrée scolaire se fera sans ces 4 000 enseignants. Et que restera-t-il de la promesse républicaine d’une éducation pour tous ?