Le président américain Joe Biden a annoncé, ce mardi, une candidature qui fleure bon la naphtaline, à l’occasion de sa réélection en 2024. Une décision qui ne suscite pas beaucoup d’enthousiasme, même au sein de son propre camp. L’homme a déjà « un pied dans la tombe ».

Quatre ans jour pour jour après l’annonce de sa première candidature, le président américain Joe Biden a déclaré son intention de participer à l’élection présidentielle de 2024. Une annonce qui n’a rien de surprenant, puisque le chef d’État fait part depuis plusieurs semaines de son intention de se présenter une nouvelle fois.
Cette candidature du leader démocrate ne suscite cependant pas d’enthousiasme, ni des Américains ni au sein de son propre camp. Il devra faire face à de nombreux défis lors de sa campagne pour convaincre son électorat de lui refaire confiance pour quatre années supplémentaires.
Son âge ? Un réel problème…
Aujourd’hui âgé de 80 ans, le vieux Joe est déjà le président américain le plus âgé en exercice dans l’histoire des États-Unis. Il quitterait la Maison blanche à 86 ans en cas de réélection. Un énième lifting n’y changerait rien. Son âge avancé est l’un des principaux arguments contre sa réélection, et ce même au sein de son propre camp. Selon un sondage NBC News publié dimanche dernier, seuls 26% des Américains estiment que Biden devrait se présenter pour un second mandat. Parmi les démocrates, 51% des sondés sont du même avis. Selon l’étude, «près de la moitié» de ceux qui s’opposent à une candidature du vieux Joe avancent son âge comme raison «principale».
Au-delà de ses 80 balais, c’est l’état de santé du président américain qui inquiète. En effet, il a plusieurs fois fait craindre une perte de lucidité et une mauvaise santé physique, comme lorsqu’il avait interpellé, en septembre dernier, une élue décédée quelques semaines plus tôt dans un accident, lors d’un discours. On se souvient aussi qu’il avait trébuché sur les marches de l’Air Force One. Son médecin a cependant réalisé récemment un examen médical de routine, et a bien confirmé que le président américain était «en bonne santé» (pour le moment, Ndlr) et apte à exercer ses pénibles fonctions.
Sachant parfaitement que son âge soulève des questionnements sur sa capacité à gouverner, Papy Joe va même jusqu’à en jouer. En mars dernier, face à un syndicat de pompiers, il a rappelé qu’il avait été élu pour la première fois en 1972, «quand j’avais un peu de cheveux», a-t-il blagué. Le chef des Démocrates devra, lors de sa campagne, trouver le bon ton auprès de ses électeurs, pour les convaincre que l’âge n’est qu’un chiffre. Par ailleurs, son principal adversaire pour 2024 reste pour l’heure Donald Trump, qui, âgé de 76 ans, n’est pas tellement plus jeune que lui. Ca sent le combat de vieilles volailles.
L’économie ? Le vent pourrait vite tourner
L’économie restera l’un des principaux enjeux de la présidentielle 2024, et si les résultats de son premier mandat lui sont pour le moment favorables, le vent pourrait vite tourner. L’inflation sur un an en mars a ralenti à 5%, et a ainsi atteint son niveau le plus bas en presque deux ans. Le taux de chômage a également légèrement baissé en mars, passant de 3,6% à 3,5%. Cependant, pour certains électeurs, des bons indicateurs économiques ne sont qu’un retour à la normale après la période du Covid-19, et ils n’y voient pas le résultat d’une politique économique particulièrement percutante du président américain.
Par ailleurs, la hausse répétée des taux d’intérêts par la Réserve fédérale (Fed) peut effectivement faire baisser l’inflation, mais en contrepartie, faire augmenter le taux de chômage et baisser la croissance. En décembre dernier, la Fed a prévu une diminution significative de l’inflation au cours de l’année 2023, mais un taux de chômage qui pourrait remonter à 4,6%, et la croissance pourrait baisser de telle manière qu’elle ferait craindre une récession tout au long de l’année prochaine.
Selon plusieurs enquêtes d’opinion réalisées par des médias américains, les électeurs semblent assez partagés sur la question de l’économie, et notamment sur la priorité à donner à la réduction de l’inflation ou bien à la stabilité du marché de l’emploi. L’amélioration ou la détérioration des indicateurs économiques sera un enjeu majeur pour Biden dans les mois qui suivent, et il devra convaincre les Américains de sa capacité à résorber l’inflation et le chômage. Ce n’est pas gagné.
Reconquérir son électorat semble compliqué
Si Biden sait que l’électorat progressiste est de son côté, depuis quelques semaines, le démocrate semble décidé à séduire les électeurs indécis, qui peuvent se diriger vers les Républicains, en se positionnant sur certains sujets chers aux conservateurs.
En mars dernier, l’exécutif s’est penché sur l’immigration, et a durci le droit d’asile, et, selon la presse américaine, envisage de rétablir la politique de détention des familles de migrants qui franchissent illégalement la frontière, une pratique à laquelle le président Joe Biden avait mis fin lorsqu’il était entré en fonction. Concernant la criminalité, il a également contré une loi visant à assouplir la politique pénale dans la capitale Washington, quitte à se mettre des élus de son propre camp à dos.
En se positionnant sur des sujets comme l’immigration, l’insécurité, l’assurance santé, la retraite ou encore le minimum vieillesse, Joe Biden espère enfin séduire un électorat qui échappe aux Démocrates : la classe moyenne, majoritairement blanche, âgée et modeste. Cette stratégie découle d’un calcul politique assez simple : le démocrate sait que les électeurs progressistes seront de toute manière contraints de voter pour lui, faute d’autre option dans le champ politique, et mise donc sur les indécis qui, s’il réussit à trouver les arguments adéquats, pourraient se rallier à son camp et pas celui des Républicains.
Il reste toutefois très fermement à «gauche» sur certains sujets de société, comme l’avortement ou le contrôle des armes à feu. Il avait notamment fait du droit à l’avortement le sujet majeur de sa campagne pour les élections de mi-mandat, en novembre dernier, et a récemment pris parti pour le maintien de l’autorisation de la pilule abortive aux États-Unis. En raison des nombreuses fusillades que connaît le pays, le président américain intervient également régulièrement pour défendre un meilleur contrôle des armes à feu, et l’interdiction de la vente d’armes de guerre. Il serait temps.