Pour sa rentrée le Rassemblement national s’est réuni à Fréjus. L’occasion pour la présidente du parti nationaliste de lancer sa campagne présidentielle. [Décryptage]
Une rentrée politique pour lancer l’offensive présidentielle ? Le Rassemblement national (RN) s’est une nouvelle fois réuni dimanche à Fréjus (Var), ville dirigée par David Rachline, afin d’officialiser la rentrée politique de la candidate à la présidentielle. Une rentrée en petit comité pour Marine Le Pen, qui a rassemblé son Conseil national comptant 120 membres du parti, ainsi que 900 militants. Sous un soleil de plomb, la candidate à la présidentielle est donc officiellement entrée dans l’arène pour lancer sa campagne. Après avoir confié les clés de la présidence à son bras droit Jordan Bardella, Mme Le Pen avait un objectif : se poser en candidate des libertés françaises, un terme qui figure d’ailleurs sur son affiche de campagne, contrairement au nom de son parti. Un choix loin d’être anodin pour une candidate qui a passé ces trois dernières années à tenter de lisser l’image de son parti et ainsi ratisser large.
Pour prouver son attachement aux libertés des Françaises et des Français, Mme Le Pen a notamment proposé la gratuité des trains pour les étudiants et les jeunes travailleurs en dehors des heures de pointe. D’aucun pourrait y voir un décalage entre la proposition et la défense des libertés, mais la candidate s’est également attaquée au pass sanitaire, le qualifiant d’atteinte disproportionnée à la liberté. Pour autant, la finaliste malheureuse de 2017 a tempéré son propos en ajoutant que le RN n’était pas hostile à la vaccination. Un brin de « en même temps » déjà vu et entendu ces dernières années pour ne froisser personne.
La désormais ex-présidente du Rassemblement national ouvre donc la bataille du premier tour voire du second alors que certains envisagent déjà la revanche d’après 2017. En ce sens, Marine Le Pen a tenté de placer les électeurs, je cite : « à un carrefour dont une voie conduit à l’abîme et l’autre au sommet. » D’un côté la dilution de la France par des constructions et submersions, de l’autre le sursaut salutaire par la voie du nationalisme et de l’exaltation du peuple français :
En 2022, cette élection présidentielle ne sera pas seulement un choix de société, comme ont pu l’être les précédents scrutins. Ce sera un choix de civilisation, un choix de vie et d’avenir pour nos enfants, un choix de sécurité et de puissance pour notre pays, un choix de liberté et d’indépendance.
Un choix de civilisation ? Une expression qui réaffirme l’ADN du parti, ce n’est plus une surprise. D’ailleurs le discours de Marine Le Pen a surtout été consacré aux thèmes fondamentaux qui ont fait le succès du parti, à savoir la sécurité et l’immigration. A ce propos, la candidate promet un référendum à la dénonciation d’une talibanisation des quartiers. Un lexique fort et dur pour rassurer le socle électoral du RN alors qu’une éventuelle candidature d’Éric Zemmour pourrait tenter plus d’un membre, même si parmi les cadres du parti d’extrême droite on assure que le polémiste ne fait pas peur. Pourtant Mme Le Pen a fait une subtile allusion à son potentiel rival en utilisant l’expression à la « Croisée des chemins », nom du site internet d’Éric Zemmour. Ainsi les contours de la campagne du Rassemblement national semblent définis entre d’un côté une volonté revancharde à l’égard de Macron face auquel on fera valoir la défense des libertés, et de l’autre une affirmation des fondamentaux identitaires pour rassembler une base électorale et éviter que celle-ci ne se laisse entraîner par les possibles sirènes Zemmouriennes.