La bande à Macron a glissé un amendement destiné à mettre en place le vote par anticipation sensé limiter l’abstention et les risques sanitaires. Un vote électronique qui – rien d’étonnant – suscite déjà la défiance d’une bonne frange de Français.
Cette semaine, l’exécutif a profité d’un texte dédié à l’organisation du scrutin présidentiel de 2022 pour y glisser discrètement un amendement, qui prévoit une petite révolution : le changement de la nature même du vote, puisqu’il est question de mettre en place un scrutin par anticipation via des machines… à voter ! Une mesure inédite en France où pareille pratique n’a jamais eu cours. Utilisée dans d’autres pays comme les États-Unis, cette pratique n’est pas sans risque et les erreurs, qu’elles soient massives ou non, entraînent naturellement la méfiance des citoyens. Une opération contre-productive si l’objet est bel et bien de redonner envie de voter aux Français.
Le principe est simple : les Français seraient appelés a voter la semaine précédant le dimanche de l’élection, et peut-être dans d’autres communes que la leur avec une liste décidée par le ministre de l’Intérieur. Le choix des agglomérations où il sera permis de voter en avance et à distance semble politique. Nous pouvons par exemple imaginer que les grandes villes seront favorisées contre les moyennes et petites agglomérations. La sociologie des grandes villes étant « acquise » à Macron et à la gauche caviar, elle devrait entraîner une inégalité devant le scrutin. Qui fournira ces machines ? Qui fournira les logiciels dédiés ? Il sera question ici de recourir à des agents privés possiblement partiaux, pour un domaine électoral dans lequel ils ont un intérêt. Le contraire serait étonnant.
Une tribune, co-signée par seulement 38 maires et députés parue dans le journal Le Monde, demandait opportunément mardi dernier – le même jour que celui du dépôt de l’amendement – que soit instauré le vote électronique pour des raisons de sécurisation sanitaire. Une curieuse justification alors que la bande à Macron ne semblait pas très inquiète d’envoyer les électeurs aux urnes lors des derniers scrutins municipaux. Parmi les arguments présentés pour ces modes de scrutin, qu’ils soient électroniques ou par correspondance, la majorité LREM évoque la nécessité de lutter contre l’abstention alors même qu’elle est généralement assez faible pour l’élection présidentielle. Pourquoi alors ne pas avoir proposé ces scrutins alternatifs pour d’autres élections moins populaires, comme les élections européennes ? La raison est simple : une forte participation aux Européennes, scrutin proportionnel, aurait été défavorable à la majorité européenne 2020 en France avec 24 millions de votants seulement contre 37 millions lors du premier tour de la présidentielle en 2017. Soulignons que la mise en place de ce type de vote pour des raisons sanitaires repose sur l’idée que la crise sanitaire sera toujours là en 2022. Réjouissant, non ?
Dans les rangs de la chambre haute, des voix se sont élevées contre ces potentielles machines à voter ou à tricher, c’est selon. Le patron des Républicains au Sénat, Bruno Retailleau, a affirmé pour sa part que les siens y sont fortement opposés. Le centriste Hervé Marseille y est aussi hostile. Le Parti Socialiste, lui, est en revanche plutôt convaincu mais pas comme prévu par la bande à Macron. Le vote électronique a donc peiné à passer devant les sénateurs qui ont fait front commun en séance publique jeudi, mais il pourrait faire son retour à l’Assemblée nationale. Nous le savons désormais, la macronie a presque toujours le dernier mot. Difficile de choisir pires méthodes pour discréditer le scrutin, surtout présidentiel, pour créer des suspicions de triche avérée sous prétexte d’abstention et de mesures sanitaires qualifiées d’imbéciles. La machine à voter qui ne manquera pas de provoquer la défiance d’une large partie de l’opinion, devrait s’éteindre autant que le candidat Macron, à l’aube de mai 2022. A nous de bien voter.