Et si le jugement contre Nicolas Sarkozy servait la droite ? En début de semaine, l’ex-président de la République a été condamné à trois ans de prison, dont un an ferme dans l’affaire dite « des écoutes ». De quoi obscurcir son horizon politique mais aussi resserrer les rangs de son parti. [Explications]
Au lendemain de la condamnation de Sarkozy – pour corruption et trafic d’influence dans l’affaire « des écoutes » – la pilule est encore difficile à avaler pour certains. C’est la première fois sous la Ve République qu’un ancien chef d’Etat est condamné à la prison ferme. Rappelons que Jacques Chirac avait été condamné à deux ans de prison avec sursis dans le dossier des emplois fictifs de la ville de Paris, et ce dans un mandat précédant son exercice du pouvoir à la tête de l’État. Si la condamnation contre Nicolas Sarkozy est historique, elle est aussi suspendue. L’ancien pensionnaire de l’Élysée a annoncé dans la foulée faire appel de la décision.
Un appel suspensif qui le sera également pour l’avocat Thierry Herzog, également condamné dans cette affaire. Toutefois le verdict raisonne avec des sonorités particulières puisque les réquisitions du Parquet, très lourdes, ajoutées à l’enchaînement des affaires contre l’ancien président, commencent singulièrement à apporter du grain à moudre à la thèse de l’acharnement. Cerise sur le gâteau, le verdict tombe à quinze jours seulement de l’ouverture du procès Bygmalion, où Sarkozy comparaîtra pour financement illégal d’une campagne présidentielle. Un procès dans lequel il devrait être défendu par Maître Herzog. Fait rare, il n’aura pas fallu longtemps après le verdict pour que la droite resserre les rangs derrière son ancien président. De Xavier Bertrand à Bruno Retailleau en passant par Christian Jacob, tous ont apporté leur soutien à Nicolas Sarkozy :
Une seule chose compte : il faut que toute la lumière soit faite sur l’action et sur les méthodes d’action du parquet national financier (PNF) qui est d’ailleurs très contesté, y compris par la magistrature,
souligne M. Jacob.
On voit bien qu’aujourd’hui, cette institution pose question et, à la lumière de ce jugement, elle va poser encore davantage de questions. Donc ce qui compte, c’est que la transparence et toute la lumière soient faites et que l’innocence de Nicolas Sarkozy soit démontrée en appel (…) Il (Nicolas Sarkozy) vient d’avoir un jugement, avec une condamnation qui est inexplicable, qui est totalement disproportionnée et les sujets politiques viendront plus tard…
Au-delà de la part (peut-être) sincère des ténors Républicains, sans doute ces derniers se disent que le spectre du dernier chef de l’État français de droite a enfin cessé de les hanter. Un préambule pour un renouveau possible à l’aube de la prochaine présidentielle, à plus forte raison que la dureté du verdict prononcé lundi dernier rappellera dans les consciences droitières comment François Fillon a fait les frais de cette même justice, étonnamment rapide en 2017. De quoi resserrer les rangs donc face à une convergence de l’ennemi Macron.