Depuis deux ans, Marseille s’engage dans une démarche volontariste et partenariale afin de faire reculer la grande précarité. La priorité ? Apporter des réponses intelligentes et adaptées aux urgences sociales vécues par ses habitants.
En France, depuis plusieurs décennies déjà, la grande précarité devient une réalité cruelle illustrée par le phénomène sociale du sans-abrisme d’adultes qui ont perdu leur emploi. Ces femmes et ces hommes retrouvent dans la rue les jeunes en errance aux existences marquées par la vie en bandes et la consommation de drogue. D’un côté, les pouvoirs publiques tentent de développer une politique pour limiter les dommages sociaux de la crise. De l’autre, les travailleurs sociaux innovent leurs pratiques d’intervention et s’inspirent du principe d’« aller-vers », notamment par le développement de structures d’accueil où des éducateurs spécialisés rejoignent les plus démunis dans leurs propres environnements.
À Marseille, cette volonté politique affirmée de vouloir lutter contre la misère se concrétise par la mise en œuvre de plusieurs mesures. Ainsi, la municipalité s’est organisée dans la création de 150 places d’hébergement d’urgence pour dédiés aux familles en situation de grande précarité et des femmes victimes de violences, le doublement des subventions aux associations de solidarité, la signature d’un Contrat Territorial d’Accueil et d’Intégration pour améliorer l’accueil et l’accompagnement des primo-arrivants, l’augmentation du budget municipal dédié à la solidarité de 2 millions d’euros en 2022, mais aussi la création indispensable de douches municipales en préfiguration d’un Pôle Municipal Hygiène et Santé qui sera livré fin 2023 et un champs d’intervention du CCAS par une augmentation sensible de ses moyens humains et financiers.
La cité phocéenne représenté par Audrey Garino, adjointe au Maire en charge des affaires sociales, de la solidarité, de la lutte contre la pauvreté et de l’égalité des droits, Laurent Carrié, préfet délégué à l’égalité des chances et Benoît Payan, maire de Marseille, ont souhaité compléter ces dispositifs par une contractualisation inédite avec l’État dans le cadre de la stratégie nationale de lutte contre la pauvreté. La Convention d’Appui à la Lutte contre la Pauvreté et d’Accès à l’Emploi (CALPAE) concrétise désormais ce partenariat.
#MarseilleSolidaire | La Ville de Marseille amplifie, aux côtés de l’Etat, son action pour lutter contre la pauvreté.
— Ville de Marseille (@marseille) July 12, 2022
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Il faut souligner que Marseille est la première ville française à s’engager dans cette politique volontariste avec l’Etat qui était une compétence du Département et des Métropoles. Dotée d’un budget de 1.4 M€ (700 000€ de l’Etat et 700 000€ de la Ville), cette convention se décline à partir d’un plan d’action qui vise notamment à améliorer l’accès aux droits et l’accompagnement des personnes vulnérables. Cet engagement municipal fort se traduit aussi par la volonté de mieux connaître et de mieux comprendre les conditions de vie et le profil des personnes qui vivent au quotidien les aléas tragiques de la rue. C’est ainsi que la première Nuit de la Solidarité marseillaise, organisée le 20 janvier 2022, a permis de mieux identifier les profils et les besoins des personnes sans abri dans la Ville.
Pas moins de 800 bénévoles, répartis en 120 équipes de maraude, en collaboration avec le Samu social et bon nombre d’associations marseillaise, ont sillonné l’hypercentre et les principaux noyaux villageois de Marseille afin de mener une opération de recensement dans la rue (hors squats, lieux privés, parcs et souterrains). Ainsi, à partir d’un panel de 455 personnes interrogées, cette belle et première édition marseillaise a permis de mieux connaître le profil des personnes en détresse, leurs conditions de vie et le niveau de non-recours au droit dont elles sont victimes.
Marseille accompagne les plus démunis
Si le constat est alarmant, bon nombre de Marseillais connaissent des situations de précarité pénible se traduisant notamment par le manque d’accès aux commodités et besoins essentiels. Près d’un sans-abri sur deux est privé de repas chaud régulièrement, et plus d’un tiers manquent d’accès à l’eau pour retrouver un peu de dignité. L’accès à l’hébergement d’urgence est aussi rare, car plus de la moitié des sans-abris ont renoncé à appeler le 115.
Cette situation de précarité s’explique notamment par le manque d’accompagnement social qui ne concerne que 15% des personnes ciblées. Pourtant, la municipalité constate que l’accompagnement social améliore significativement les conditions de vie des personnes vivant dans la rue. Les sans-abris sont ainsi deux fois plus nombreux à bénéficier des minima sociaux s’ils sont accompagnés par une structure sociale, mais également d’une meilleure prise en charge médicale, et d’une aide réelle pour trouver un logement pérenne.
Un appel à contributions face à l’urgence
Dans la continuité de toutes les actions menées contre la pauvreté, Marseille a décidé de retrousser les manches et d’organiser la Nuit de la solidarité en 2023 et ce pour les années suivantes. Pour mettre en œuvre les orientations du Plan Pauvreté, la Ville lance un appel vaillant dédié aux acteurs locaux de la solidarité. Ainsi, un appel à contribution est organisé jusqu’au 12 août 2022. Il porte sur les 8 grandes orientations de la politique municipale contre la pauvreté pour l’année 2022. Cet appel est en ligne sur le site de la Ville de Marseille et accessible à partir du guichet unique. L’instruction des dossiers sera effective dès la clôture de cette procédure afin de permettre une première répartition des subventions lors du Conseil Municipal au mois de septembre prochain.
Si les questions sont nombreuses pour celles et ceux qui « chutent » à Marseille : Comment garder mon logement ? Comment retrouver un travail ? Comment participer à une vie sociale ? Comment rester en bonne santé ? Marseille travaille à y remédier. Si misère et pauvreté font parfois mauvais ménage, le vrai courage, lui, ne se laisse jamais abattre.