Emmanuel Macron s’est déplacé à Corbeil-Essonnes vendredi pour présenter ses vœux aux soignants. Pour répondre à la crise du système de santé français qui ne cesse de tirer la sonnette d’alarme, le président a dévoilé différentes annonces de son plan santé. Quotidien Libre vous résume l’essentiel du projet concernant le personnel médical et l’hôpital.

Il y a des demandes qui existent et qui ont leur part de légitimité et qu’il faut entendre », a déclaré Emmanuel Macron à son arrivée au Centre hospitalier Sud Francilien (CHSF) de Corbeil-Essonnes (Essonne). Le président de la République a concédé vendredi qu’une partie des revendications des soignants étaient « légitimes » et promis de formuler des réponses à la crise du système de santé avec « respect et intelligence », face à des personnels hospitaliers qui lui ont crié leur mal-être et leur épuisement.
« Il y a aussi une situation à laquelle on doit tous faire face et une responsabilité collective pour que nos compatriotes aient aussi des soignants et puissent trouver pour eux-mêmes, leurs enfants, leurs parents une réponse », a ajouté Emmanuel Macron. « On va essayer de faire tout cela avec engagement, respect, intelligence », a assuré le chef de l’Etat, venu adresser ses vœux aux soignants et qui a fait à cette occasion des annonces « concrètes » à la mi-journée face à un système de santé « à bout de souffle ». 20 Minutes fait le point sur les annonces du chef de l’Etat concernant la santé.
De 4.000 à 10.000 assistants médicaux d’ici fin 2024
En fin de matinée, le président a également assuré vouloir « sortir de ce jour de crise sans fin » et promis de porter le nombre d’assistants médicaux de 4.000 à 10.000 d’ici fin 2024. « C’est un vrai succès » du plan « Ma Santé 2022 » présenté au début du précédent quinquennat, « ça libère du temps médical » pour que les soignants suivent leurs patients, a estimé le chef de l’Etat en ajoutant vouloir une réorganisation du travail à l’hôpital « d’ici au mois de juin ».
« Je sais l’épuisement personnel et collectif, ce sentiment parfois de perte de sens qui s’est installé, le sentiment au fond de passer d’une crise à l’autre », a encore déclaré le président, en appelant à « aller beaucoup plus vite, beaucoup plus fort et prendre des décisions radicales ».
Une réorganisation du travail à l’hôpital « d’ici au mois de juin »
Le chef de l’Etat a en outre annoncé une réorganisation du travail à l’hôpital « d’ici au 1er juin » pour lui permettre de garder les soignants qui le quittent et de le rendre plus attractif. « On doit tout faire pour garder les soignants » à l’hôpital, a-t-il souligné.
« Ce qui veut dire qu’on doit ensemble travailler à une meilleure organisation du temps de travail ». Il a déploré une « hyper-rigidité » dans l’application des 35 heures et un système qui « ne marche qu’avec des heures supplémentaires ».
« Sortie de la tarification à l’activité »
La « sortie » de la tarification à l’acte à l’hôpital est également dans le projet d’Emmanuel Macron et sera inscrite dans le prochain budget de la Sécurité sociale, au profit d’un financement sur « objectifs de santé publique ».
« Pour l’hôpital public, il faut qu’il y ait une part structurante de la rémunération qui repose sur des objectifs de santé publique qu’on négocie à l’échelle d’un territoire », a déclaré le chef de l’Etat.
Un « tandem » médecin/administratif à la tête des hôpitaux
Par ailleurs, le président souhaite la mise en place d’un tandem « administratif et médical » à la tête des hôpitaux, constitué sur la base d’un « projet ».
« Très longtemps on a dit « ce ne doit pas être les soignants qui dirigent l’hôpital, ce doit être les administratifs ». Après on a dit le problème ce sont les administratifs qui dirigent », a-t-il observé lors de ses vœux aux soignants. « Moi je souhaite qu’on puisse (…) mettre à la tête de nos hôpitaux un tandem administratif et médical, un vrai tandem sur la base d’un projet », a-t-il insisté.
Des médecins « mieux rémunérés »
Autre objectif : « mieux rémunérer » les médecins de ville qui assurent la permanence des soins et « prennent en charge des nouveaux patients », afin que les Français « trouvent facilement un médecin de garde ». « Nous allons mieux rémunérer les médecins qui assurent la permanence des soins et ceux qui prennent en charge de nouveaux patients », a-t-il expliqué.
Un médecin traitant proposé à tous les patients avec une maladie chronique
Tous les patients souffrant d’une maladie chronique et ne disposant pas, à l’heure actuelle, d’un médecin traitant s’en verront proposer un « avant la fin de l’année », a ajouté Emmanuel Macron.
« On a 600.000 patients avec des maladies chroniques et qui n’ont pas de médecins traitants et ça, c’est un vrai problème », a déploré le chef de l’Etat. Et d’ajouter que ces malades se « verront proposer un médecin traitant avant la fin de l’année » ou à défaut « une équipe traitante ».
Les foyers de mécontentement se multiplient
Signe du caractère prioritaire accordé à la crise qui frappe l’hôpital mais aussi la médecine de ville, c’est la première fois depuis qu’il est arrivé à l’Elysée en 2017 qu’Emmanuel Macron dédie une cérémonie de vœux spécifiquement aux « acteurs de la santé, hospitaliers et libéraux ». Ses annonces étaient attendues par des personnels qui ne cessent de dénoncer la « déliquescence » de l’offre de soins, avec des urgences débordées et un manque criant de soignants, sur fond de triple épidémie hivernale de Covid-19, grippe et bronchiolite.
Il était accompagné du ministre de la Santé François Braun. Un ministre qui, lors de sa nomination en juillet, évoquait même un « système de santé à bout de souffle ». Mais, malgré quelques mesures et rallonges budgétaires décidées en urgence ces derniers mois, la crise ne cesse de s’intensifier. Et les foyers de mécontentement se multiplient.