CULTURE I La Pizza napolitaine a fait son entrée ce jeudi au sacro-saint patrimoine immatériel de l’Humanité de l’Unesco, aux côtés d’autres trésors culturels. Cette symbolique inscription offre l’opportunité aux Napolitains et à toute l’Italie, une reconnaissance et une visibilité éternelle.
Deux millions de personnes avaient signé une pétition mondiale pour en soutenir l’inscription, selon Sergio Miccù, président de l’association des pizzaioli napolitains. Au-delà de l’habilité gestuelle, il s’agit d’un savoir-faire culinaire qui associe chansons, sourires, technique, spectacle et remonte au XVIe siècle, souligne le dossier de candidature italien que Quotidien Libre s’est procuré.
Victoire ! a réagi sur Twitter Maurizio Martina, le ministre italien de l’Agriculture. Un nouveau pas pour la protection de l’héritage gastronomique et viticole de l’Italie.
Pecoraro Scano, ancien ministre de l’Agriculture présent également à Jeju, a ajouté sur le réseau social : Longue vie à l’art du pizzaïolo napolitain !
Pour nous, c’est comme gagner la Coupe du monde, lance Gennaro Gattimolo, pizzaïolo de 57 ans, le tablier et les mains couverts de farine.
Rita Rollen, retraitée, s’est emmitouflée pour affronter le froid du petit matin et venir participer à l’euphorie :
Je suis vraiment heureuse. Au lieu de la Camorra (la mafia napolitaine), nous sommes reconnus pour quelque chose de positif pour une fois ! Quelque chose de délicieux !
L’humble ancêtre de la pizza n’était au départ qu’un pain plat saupoudré d’un peu de lard et relevait moins d’un acte d’amour que du besoin de nourrir à peu de frais les masses de pauvres de la ville, selon l’historien Antonio Mattozzi.
Place à la vérité culinaire !!
Les premières vraies pizzas apparaissent avec l’arrivée des tomates d’Amérique et leur entrée dans les cuisines. A la fin du XVIIIe siècle, les premières pizzerias étaient nées, raconte-t-il.

Des pizzaïolo célèbre l’inscription de la pizza au patrimoine de l’Unesco, le 7 décembre à Naples I AFP / Tiziana FABI
Mais il a fallu attendre encore un siècle et la reine Margherita pour que ce grand succès local s’exporte au-delà de la baie. En visite à Naples avec son mari le roi Umberto 1er en 1889, elle avait demandé à goûter la pizza pour gagner le cœur des Napolitains. Selon la légende, la version proposée par le chef Raffaele Esposito, intégrant tomates, mozzarella et basilic, aux couleurs de la toute jeune Italie, l’a conquise. Pour l’occasion, cette pizza qui a gardé le nom de la reine a été de nouveau cuisinée ce matin dans le même four royal au palais de Capodimonte, désormais devenu un musée sur les hauteurs de Naples. Selon M. Sorbillo, lui et ses collègues partagent volontiers trucs et secrets : ceux qui le veulent puissent faire une bonne pizza napolitaine. L’idée étant d’abord de tordre le cou à quelques hérésies comme le fait d’étaler la pâte avec un rouleau ou d’ajouter de l’ananas sur la pizza ?!
Il y a des jeunes de toutes les cultures qui nous contactent et nous demandent d’apprendre, a-t-il ajouté.
La pizza est devenue un patrimoine universel, beaucoup dans le monde ne savent même pas que c’est italien, a assuré le ministre italien de la Culture, Dario Franceschini, en mordant dans une part de pizza tout juste sortie du four royal.
Cette décision de l’Unesco va établir la vérité une fois pour toutes : la pizza est un plat mondial, mais elle est née à Naples, dans ce four !