Le gouvernement a promis d’organiser, dans les prochains jours, une réunion pour sauver la liaison ferroviaire Perpignan-Rungis qui risque de s’arrêter en juin.

Le marché de Rungis dispose depuis sa création d’une ligne et d’un terminal ferroviaires, utilisés pour le fret I DR / photo à usage médiatique, attribution requise
Mon objectif, c’est que ces marchandises ne se retrouvent pas sur la route.
La ministre des Transports, Elisabeth Borne, a annoncé sur LCI, qu’elle allait réunir cette semaine les acteurs concernés par la possible fermeture de la liaison ferroviaire transportant des fruits et des légumes entre Perpignan (Pyrénées-Orientales) et Rungis (Val-de-Marne). Elle a dit vouloir trouver une solution pour maintenir le transport par le rail. Tous les jours, à 16 heures, une quinzaine de wagons frigorifiques quittent la gare Saint-Charles de Perpignan, comme l’expliquait le journal L’Indépendant en avril 2018. A l’intérieur, des fruits et des légumes, en provenance de France, d’Espagne ou encore du Maroc. Après 800 km de voyage, à 4 heures du matin, le train arrive à la gare de Rungis (Val-de-Marne), en plein cœur du marché international. Il est déchargé et les produits sont mis en vente par les grossistes qui les réceptionnent. Chaque année, ce sont plus de 400 000 tonnes de fruits et légumes qui sont ainsi convoyés, précise nos confrères du Parisien.
Pourquoi est-il question de fermer la ligne ? – Depuis une dizaine d’années, la ligne fonctionne sur la base d’un contrat d’exploitation entre la SNCF et les sociétés de transport Roca et Rey.
Mais nous n’avons pas pu tomber d’accord sur les conditions de renouvellement de ce contrat avec la nouvelle direction, a décrit le service fret de la SNCF, le 25 mars, à L’Indépendant. Faute d’accord, la liaison risque donc de prendre fin en juin.
Selon le quotidien local, l’un des points de désaccord porte sur l’état des 82 wagons réfrigérés, qui sont en fin de vie. Après quarante ans de bons et loyaux services en moyenne, ils doivent être remplacés, ce qui suppose d’importants investissements.
Par ailleurs, ce train entre Perpignan et Rungis était loin d’être rempli, ce qui pose la question de sa rentabilité, précise Fret SNCF au site web Réussir Fruits et Légumes. Une responsable locale de la CGT citée par Libération voit dans ce problème de rentabilité du service la disparition des services commerciaux de la SNCF, qui étaient chargés de trouver des clients pour remplir les wagons de marchandises.
Y avait-il déjà eu des alertes ? – Un éventuel arrêt de la ligne avait déjà été évoqué en mars 2018 par la société ferroviaire, selon le directeur général du réseau Primever, propriétaire de Roca.
Elle avançait deux raisons principales, les difficultés de rentabilité de la ligne et la vétusté des wagons, dit Gérard Malaure à L’Indépendant. La SNCF avait alors proposé une nouvelle liaison entre Barcelone et Rungis, avec un arrêt à Perpignan. Mais l’escale perpignanaise était programmée soit tard le soir, et donc trop tard pour nos flux, soit en milieu de journée, moment où la marchandise n’est pas encore disponible à Saint-Charles, selon le patron de Primever.
Surtout, en 2016, malgré de lourds investissements pour moderniser la gare de Rungis, un autre train qui reliait Perpignan au marché international avait déjà disparu. Motif : des trains pas assez chargés, du retard à la livraison et une concurrence féroce de la route, selon Le Parisien.
Quels sont les scénarios envisagés ? La fin de la liaison: fin avril, le directeur général de Primever s’est montré pessimiste:
Nous sommes dans l’obligation de stopper cette solution ferroviaire et de nous reconvertir, a-t-il lâché. Nous avons travaillé sur l’hypothèse d’achat de wagons frigorifiés pour se substituer à l’historique acteur, a-t-il expliqué. Mais il faut savoir qu’un wagon de ce type coûte €250 000. Et comme nous n’avions aucune assurance de la pérennité de la ligne au-delà du 30 juin 2019, nous n’avions aucune assurance d’amortir ces investissements sur le long terme.
Une période de transition: le président du marché de Rungis a rencontré la SNCF pour trouver des solutions transitoires. Le train actuel pourrait continuer à fonctionner pendant quelques mois, le temps d’installer des transports combinés, soit des containers de camions posés sur les trains, d’après Le Parisien.
La présidente de la région Occitanie, elle, a demandé à la SNCF, fin mars, de permettre une prolongation de deux ans du contrat avant que l’on puisse travailler et réfléchir à trouver une solution pour cette liaison. Selon Carole Delga, il n’y a pas de vétusté avérée des wagons, qui pourraient supporter cette prolongation.
La location de wagons neufs: Nous, on ne demande qu’à continuer, assure un responsable de Fret SNCF au Parisien.
On a les locomotives, les agents, les wagons neufs à louer. Mais on ne peut pas signer un contrat à perte ! Une solution jugée trop chère par les transporteurs.
Toutefois, dans Le Parisien, le président du marché de Rungis s’est dit prêt à mettre la main à la poche et à investir €300 000 pour permettre à Roca et Rey de louer les trains de la SNCF pendant un à deux ans. Si tout le monde fait un effort, nous trouverons une solution, selon lui.