A Poligny (Jura), a eu lieu le week-end dernier la 22e Percée du vin jaune, traditionnelles enchères qui ont permis aux amateurs de dénicher à bon prix la « perle rare » pour les grandes occasions.

Une bouteille de vin jaune de 1774, mise aux enchères à l’occasion de la 22e Percée du vin jaune à Poligny, dans le Jura, le 2 février 2019 I AFP, SEBASTIEN BOZON
Depuis 1997 et la création de la Percée du vin jaune, surnommé « roi des vins » et « vin des rois », cette vente est une référence pour la cotation des vins et eau-de-vie du Jura et propose chaque année, à côté de lots d’exception, des bouteilles accessibles au grand public. Issu uniquement du cépage local savagnin, le vin jaune est conservé après fermentation au moins six ans et trois mois en fûts de chêne, sans jamais compléter le vin qui s’évapore.
Plus de 90% des acheteurs sont là pour trouver le millésime d’un anniversaire, pour un mariage, pour la date de naissance de leurs enfants, sourit Philippe Munos, tout nouveau responsable de la commission des vieux millésimes des vins du Jura.
Samedi, la bouteille la moins chère a ainsi été adjugée à €25 pour un Arbois rouge, alors que de nombreux autres lots sont régulièrement adjugés en dessous de €100 (auxquels s’ajoutent 19% de commission). Mais la star de cette 22e vente a sans conteste été un vin jaune de 1774, dont la robe dorée a attiré tous les regards.
Imaginez les gens qui ont vendangé le raisin pour cette bouteille, en sabots, s’enthousiasme Philippe Munos, qui rappelle qu’elle est contemporaine de l’avènement au trône de France de Louis XVI.
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Petite déception tout de même pour ce vin d’anthologie, dernier lot des 241 enchères tenues dans la chapelle de Poligny: la bouteille n’a pas atteint le prix de réserve de €30.000, bloquée à 29.000 sur une enchère en ligne.
Elle reste en terre jurassienne, relativise M. Munos. Nous allons essayer de la proposer à nouveau l’an prochain, si le vendeur est d’accord…
Comment expliquer qu’une telle bouteille, pourtant destinée à partir à l’international selon M. Munos, n’ait pas trouvé preneur ? Olivier de Bouvet, commissaire-priseur qui anime depuis 20 ans ces enchères, tente une explication:
Nous n’avons peut-être pas assez dit que le bouchon, simplement annoncé comme changé en 2000, l’a en réalité été par un Meilleur ouvrier de France, sommelier à Arbois (Jura), et dans les règles de l’art…
Le vin jaune n’a pas la même notoriété que du Romanée-Conti, un Bourgogne prestigieux, constate de son côté M. Munos.
Il faut peut-être revoir le réseau, attirer les acheteurs…
Tous les espoirs étaient pourtant permis: en 2011, une bouteille du même lot, datée elle aussi de 1774, a été adjugée à un Suisse pour €57.000.