En matière de pédocriminalité, de nouveaux noms sont dévoilés tous les jours. Depuis la révélation de l’affaire Duhamel, pas une semaine ne s’écoule sans apporter son lot de nouveaux prédateurs ou d’appels à la démission. [Décryptage]
Tous pourris, tous complices ? C’est ce qui ressort de l’actualité pédocriminelle de ce mois de janvier 2021. Après Olivier Duhamel, Président du Siècle et homme à penser de l’école Sciences Po, c’est un autre personnage qui entre en scène : Gérard Louvin ! Ce célèbre producteur de télévision septuagénaire est mis en cause par son neveu qui l’accuse d’inceste. Des faits commis avec son compagnon de l’époque, devenu depuis son mari. M. Louvin et Daniel Moyne, auteur et producteur de seconde zone, auraient tous deux abusé sexuellement du fils de la sœur de Gérard Louvin. Au moment des faits, l’enfant avait alors entre 10 et 11 ans. Des viols incestueux qui se seraient déroulés dans les années 1980, des « touche-pipi » détaillés dans le journal Le Monde, nourris de descriptions abjectes, s’ils sont bien avérés, et dont se délecte le quotidien français qui avait pourtant su se montrer plus conciliant avec les pédocriminels dans un passé pas si lointain.
La victime supposée, aujourd’hui âgé de 48 ans, aurait décidé de rendre la chose publique après la polémique suscitée autour d’Olivier Duhamel. Si la plainte ne peut pas aboutir, du fait de la prescription, l’avocat du plaignant justifie la démarche de son client par le besoin d’être reconnu comme victime et de formaliser la chose. L’histoire, elle, est tristement basique. Gérard Louvin, oncle prétendument attentionné, recevait souvent l’enfant chez lui et aurait profité de ces moments d’intimité familiale pour en abuser. Lui, comme son compagnon, nient en bloc les faits reprochés. Ils estiment d’ailleurs, pour se dédouaner, qu’il ne s’agit que d’une affaire d’argent. Pourtant le neveu semble surtout attaché à une reconnaissance des faits de la part de son oncle. Gravement perturbé à son adolescence, puis à l’âge adulte, la victime supposée s‘est réfugiée dans la drogue. Sa mère, qui le soutient, regrette de ne pas avoir vu clair dans le jeu de son frère, et de ne pas lui avoir, je cite : « cassé la gueule » quand elle a été mise au courant. En septembre 2020, la victime présumée avait demandé réparation à son oncle qui avait accepté tout en demandant à son neveu de ne pas occulter les « bons moments passés ensemble », affirmant ainsi ne pas vouloir avoir l’impression d’être la victime d’un chantage. Daniel Moyne, lui, a nié par l’intermédiaire de son avocat qui parle aussi d’extorsion de fonds.
Les poubelles crasses des années 1970 et 80 continuent donc de déverser leurs ordures dans l’actualité française, rattrapant désormais le pouvoir. Ainsi, Macron et son ancien Premier ministre, Édouard Philippe, étaient proche d’Olivier Duhamel. Le journal Le Monde, décidément bien informé sur ce type d’histoire, explique encore que l’homme était présent pour fêter la victoire de Macron au premier tour de la présidentielle, à la Rotonde. Un petit milieu puisque l’actuel pensionnaire de l’Elysée est très proche du président de l’Institut Montaigne, Laurent Bigorgne, dont Duhamel fut le membre du comité directeur. Fréderic Mion, ancien directeur de Sciences Po et Marc Guillaume, ancien secrétaire général du gouvernement, tous deux très proches d’Édouard Philippe, étaient quant à eux aussi des familiers de Duhamel. L’éditorialiste d’Europe 1 et LCI aurait par ailleurs rédigé plusieurs notes au candidat Macron et participé à des meetings du candidat En Marche ! vantant grassement les mérites d’un président qu’il trouve formidable – et de droite et de gauche – critiquant les journaux qui osent l’affubler du sobriquet de « Jupiter ». Chose non moins surprenante, Olivier Duhamel est aussi un proche de Nicole Belloubet, garde des sceaux durant trois ans, sous le régime macron. De la même façon, quand la ministre de la Justice a des liens avec des pédocriminels incestueux présumés, ne faut-il pas s’étonner que les Français doutent des institutions ? Un bon coup de gel hydro-alcoolique serait le bienvenu, et aussi étonnant que cela puisse paraître, il pourrait d’abord avoir lieu à SciencesPo où les étudiants, tous gauchistes qu’ils sont, demandent la démission du directeur Frédéric Mion.
La petite bourgeoisie « caviar » parisienne semble impatiente de déconstruire, comme leurs parents les affaires du passé, et s’en prend donc aux patrons en tous genres accusés de connaître les « vilaineries » de Duhamel. Côté hémicycle, le Sénat a dégainé ses armes pour faire mine de prendre les choses en main. Seul hic, la chambre haute a proposé un texte interdisant tout rapport sexuel avec des enfants de moins de 13 ans, ce qui laisse une marge de manœuvre assez large pour les pédocriminels. Des personnalités publiques ont dénoncé ce texte ahurissant sur les réseaux sociaux, exigeant un âge légal à 15 ans. Il reste à savoir ce qu’en pense réellement Macron, dont l’histoire personnelle, soyons-en certain, n’influencera pas le jugement.