La championne de l’unité des Républicains serait-elle en train de perdre les députés de la droite parlementaire ? Endimanchée de la loi renforçant les outils de gestion de crise sanitaire, a fortiori du pass vaccinal, puis des propos polémiques du président de la République, la candidate semble perdre le contrôle.
Valérie Pécresse est-elle en train de perdre le fil de l’unité de la droite politique en France ? Fraîchement élue par le congrès Les Républicains (LR) dans une primaire qui n’a pas vraiment suscité de bataille fratricide – comme en 2016 – la tête d’affiche LR 2022 avait jusqu’à présent fait figure de facteur d’unité dans son propre camp. Mais il semblerait que la passe d’armes sur le pass vaccinal puisse balancer cette entente cordiale au sein de la droite parlementaire.
Lundi soir, 32 député(e)s et un tiers du groupe ont voté contre le pass gouvernemental. Un véritable camouflet pour la présidente de la région Île-de-France qui s’est dit favorable à l’obligation vaccinale comme son nouveau lieutenant Eric Ciotti, initialement contre, mais qui a changé d’avis depuis. Sur un prétendu esprit de responsabilité, la candidate voit donc une partie des élus de droite se dérober, ce qui n’a pas manqué de remarquer le Premier ministre Jean Castex – encore membre des Républicains il n’y a pas si longtemps, en 2020 – qui a naturellement parlé d’un vote irresponsable.
Prenant au mot son ancienne camarade, le pensionnaire de Matignon a illustré une nouvelle fois la nature politique de ce pass vaccinal mais prend aussi la candidate à son propre jeu. Pour se défendre Valérie Pécresse a timidement évoqué la diversité des sensibilités de sa famille politique et la liberté parlementaire des députés. (… mouai)
Cet épisode, qui semble être le premier gros faux pas de la candidate, va rapidement la contraindre à se trouver un espace politique entre les candidatures Le Pen / Zemmour et celle d’Emmanuel Macron. Souvent accusée par ses détracteurs d’être proche idéologiquement de l’actuel président de la République, dont les deux premiers ministres auront été respectivement issus des Républicains, Valérie Pécresse chasse sur les terres d’En Marche ! plus que chez l’électorat d’une droite propre, notamment celle d’Éric Zemmour où nombre de jeunes gens – jadis affiliés aux Républicains – ont trouvé refuge chez Reconquête !
Aujourd’hui, la cible électorale de Mme Pécresse semble être les retraités (ou presque) des villes françaises, sensibles au discours présidentiel et remontés sur les questions sanitaires et sécuritaires, d’où une certaine surenchère sur la question du covid. Mi-novembre elle affirmait ainsi, lors d’un débat interne à son parti politique, qu’elle envisagerait un confinement dur des non-vacciné(e)s.
En voulant être plus royaliste que le roi, elle est tombe donc de haut. Le chef de l’Etat, en affirmant mardi auprès du journal Le Parisien qu’il voulait « emmerder les non-vaccinés », a su montrer qu’en matière de flatteries auprès des vieux ayatollahs du vaccin, il était toujours en pôle position. En se disant indigné par ses propos, Valérie Pécresse tente face caméra de prendre de la hauteur et de pointer du doigt le mépris du président sortant. Du cinéma. S’il reste que la phrase de macron ne doit rien au hasard, le chef de l’Etat a tenu à ce qu’elle soit publiée; pour que le message fort qui s’y cache aille à destination de sa base électorale. Une base particulièrement excitée sur la question vaccinale et qui perçoit comme une injustice le fait de s’être fait « piquer » tandis que d’autres refusent.
Un pseudo-dérapage maîtrisé pour ramener au bercail les brebis qui pourraient être tentées par la candidature de Pécresse. Une petite glissade qui montre aussi que le président sortant ne craint pas la polémique. Porter rapidement très haut dans les sondages, Valérie Pécresse pourrait soudainement connaître un sérieux coup d’arrêt. Pour le moment ce n’est pas Éric Zemmour qui fait chuter la candidate en la prenant sur sa droite, mais bel et bien Macron qui lui donne une leçon de politique en flattant les plus viles instincts. Eric Zemmour aura-t-il ses parrainages ? Oui, assurément.