Macron en campagne présidentielle entend subitement réformer les institutions judiciaires. Lundi, le président a présenté sa « grande » réforme de la justice aux accents électoralistes. Naturellement, c’est une aberration, après quatre années et demie d’échecs dans ce domaine.
Une consultation générale pour une réforme d’ampleur… c’est ce qu’entend entreprendre le locataire Macron a seulement six mois de la fin du quinquennat. Une consultation baptisée « Parlons Justice ! » avec un point d’exclamation s’il vous plaît ; une consultation à mi-chemin entre un état des lieux superficiel de la justice et le coût de communication auquel la bande à Macron a habitué les Français depuis quatre ans et demi maintenant. Ces Etats généraux de l’appareil judiciaire ont été justifiés à la demande du premier président et du Procureur général de la Cour de cassation, mais aussi guidés par les faits divers et les sujets de société, notamment ceux de l’affaire Gisèle Halimi ou les manifestations (louables, Ndlr) de policiers. L’objectif que fixe le president est ni plus ni moins de redonner confiance dans l’institution judiciaire avec au programme, je vous le donne dans le mille, des consultations, des consultations et encore des consultations avec les parties prenantes du secteur : avocat(e), magistrat(e), force de sécurité intérieure ou encore personnel pénitentiaire. Les citoyens français sont naturellement conviés. Une chance.
Si la formule est éculée, un projet existe déjà – tout au moins dans ses contours. Mais la bande à Macron entend appliquer un vernis démocratique à ce projet et donc mettre en place un semblant de débat sur la question. Cette consultation est aussi le pendant apporté au Beauvau de la sécurité qui, soit dit en passant, en a agacé plus d’un dans certains milieux judiciaires. Une fois les consultations terminées, c’est-à-dire en février 2022, des propositions toutes aussi fleuries les unes que les autres devraient éclore, de nature à « bouleverser l’organisation judiciaire » selon les termes élyséens. Ce qui montre bien que même si les parties prenantes interrogées n’entendaient pas bouleverser la donne, celle-ci doit tout de même changer; ce qui illustre bien le peu de cas desdites consultations qui ne sont que de la « poudre de perlimpinpin », comme aime à le souligner Macron.
C’est donc à Poitiers, au Futuroscope, que les annonces jupitériennes ont été adressées lundi par un président en campagne et qui se verrait bien rester au chaud… enfin au sommet encore 5 ans de plus. Ainsi les propositions assurées au mois de février prochain devraient déboucher sur une réforme qui ne pourra pas être mise en pratique dans l’immédiat car les travaux parlementaires finissent le 28 février, à moins de plier l’affaire en quelques semaines, ce qui paraît hautement improbable pour une réforme soi-disant d’ampleur. Il s’agira donc soit de « pondre » un décret convoquant l’Assemblée nationale au cours d’une séance extraordinaire, soit d’attendre le quinquennat suivant, en espérant que le candidat Macron passe l’épreuve ultime de la présidentielle, ce qui n’est pas gagné.
Nous le savons, le pensionnaire de la rue Saint-Honoré est un homme pressé et les services de la présidence ont déjà affirmé que ce qui peut relever du règlement sera appliqué au plus vite avec le concours du sulfureux Garde des sceaux. Pas de quoi apaiser la situation, alors qu’Éric Dupond-Moretti est déjà l’un des personnages les plus de décriés de l’actuel gouvernement. En parlant d’une remise à plat total du système actuel, Macron semble se montrer sous son visage réformiste afin de flatter son électorat et pouvoir présenter un bilan, son bilan. Seul hic, l’édifice judiciaire s’inscrit dans une tradition séculaire et ne peut en aucun cas être balayé d’un revers de main. Vouloir le bouleverser d’un coup d’éponge sale sur un coin de table à la fin du quinquennat pourrait s’avérer désastreux et dangereux pour celui qui prétend redevenir president. « L’intégrité, c’est intéressant si c’est naturel. »