Ville adorée ou détestée, matière à rêves ou à cauchemars… et vous, aimez-vous Paris ? En ce mois de janvier, LaCinetek arpente cette ville de cinéma, aux traits protéiformes : des chambres de la Nouvelle Vague aux rues du cinéma militant, de la modernité burlesque aux quartiers interlopes, jusqu’aux romances en bord de Seine.

La nuit tombe sur le Paris des années 1980. Un peuple noctambule en quête d’amours et de fêtes se presse dans des appartements, au club mythique des 120 nuits et dans les cafés au petit jour. Dans ces lieux passent des êtres en formes d’étoiles filantes, telle Pascale Ogier, astre romantique et punk de la constellation d’Eric Rohmer qui irradie Les Nuits de la pleine lune auprès de Fabrice Luchini.
Ce romantisme mélancolique imprègne le si beau L’Amour à la mer (1965) de Guy Gilles. Cette cartographie amoureuse entre Paris et Brest peint l’image de deux villes et de deux amants (elle, secrétaire ; lui marin), au gré d’une méditation inventive et tendre sur l’éloignement et l’attachement.
Le Paris du XXIème siècle se prête-t-il encore à la romance ? La réalisatrice et actrice Julie Delpy met la comédie sentimentale à l’épreuve du contemporain dans 2 Days in Paris (2007), une virée pleine d’humour dans une capitale névrotique. Place au « jour le moins romantique de l’histoire de Paris » !
Mais Paris au cinéma incarne aussi une vitrine de la modernité, telle celle brossée avec maestria par Jacques Tati dans Playtime (1967). Tournée dans un décor de studio qui préfigure l’architecture du quartier de La Défense, cette fable burlesque sur l’urbanisme dissout le Paris de cartes postales dans les verres d’un labyrinthe futuriste.
C’est encore cette facette moderne de la ville, bruissant d’un trafic incessant, qu’on retrouve dans Zazie dans le métro (1959). Porté par la verve populaire du roman de Raymond Queneau, Louis Malle nous promène avec facétie dans les méandres de la ville, entraînée par Zazie, l’apprentie titi parisienne, et Philippe Noiret. William Klein à la direction artistique complète le tableau.
Pour rester dans ce Paris gouailleur voire canaille, rendez-vous dans les bas-fonds de la Belle Époque reconstitués par Jacques Becker. Simone Signoret, au côté de Serge Reggiani, y campe la célèbre Casque d’or (1951), reine farouche du Paris apache, des faubourgs de Belleville aux guinguettes de Joinville.
Dans L’Ami américain (1977) de Wim Wenders, le Paris interlope des années 1970 prend corps dans des buildings et métros déshumanisés (façonnés par l’image virtuose de Robby Müller) que traverse un trio de tueurs génialement incarné par Bruno Ganz, Dennis Hopper et Gérard Blain.
Puis la capitale se fait lieu d’écho des troubles géopolitiques. Cette ombre plane sur la troupe d’interprètes du Paris nous appartient de Jacques Rivette (1958). Un film en forme de coup d’envoi d’une Nouvelle Vague intranquille.
Durant les années 1960, la ville devient le théâtre de révoltes et de répressions captées par le cinéma militant. Tourné clandestinement et censuré jusqu’en 2011, Octobre à Paris de Jacques Panijel témoigne du Paris de la guerre d’Algérie, en reconstituant les violences policières du 17 octobre 1961 et en recueillant la parole des témoins.
La traversée s’achève dans le Paris familier d’Agnès Varda, du XIVème arrondissement. Daguerréotypes (1975) invente une forme de cinéma de quartier, pénétrant les petits commerces et lieux favoris de la réalisatrice pour composer le vivant portrait de ses habitants.
Ce mois-ci, LaCinetek révèlent dix films d’un Paris singulier, loin des clichés de cartes postales. Plus de renseignements ici