L’Opep retrouve vendredi ses partenaires, dont la Russie, pour débattre d’une possible baisse commune de leur production de pétrole afin d’enrayer la chute des cours observée depuis deux mois, après avoir elle-même échoué jeudi à s’accorder sur le sujet.

Le ministre saoudien de l’Energie, Khaled al-Faleh (G) parle aux journalistes au siège de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) à Vienne, en Autriche, le 6 décembre 2018 I AFP / JOE KLAMAR
Non, je ne suis pas confiant qu’un accord sera trouvé, a reconnu hier soir le ministre saoudien de l’Energie, Khaled al-Faleh, après une longue journée de négociations au siège de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), à Vienne. Les producteurs s’accordent pourtant sur un sujet: l’offre dépasse la demande et a conduit à une chute de plus de 30% des prix en deux mois. Une évolution qui satisfait les consommateurs, mais non des producteurs eux-mêmes très dépendants des revenus pétroliers. Pour l’Opep et ses alliés, une alliance de 25 pays au total qui assure environ la moitié de l’offre mondiale, il serait donc vertueux de ralentir la cadence. Mais les poids lourds de l’or noir ont tous des raisons, plus ou moins officielles, d’attendre des efforts des autres producteurs.
Pour la Russie, qui mène les partenaires de l’Opep, il est ainsi beaucoup plus difficile de réduire que pour d’autres pays, étant donné nos conditions climatiques, a affirmé jeudi le ministre russe de l’Energie, Alexandre Novak, depuis Saint-Pétersbourg.
L’Arabie saoudite doit pour sa part faire face à la pression américaine, à un moment où le royaume est affaibli par les répercussions diplomatiques de l’affaire Khashoggi. Le président Donald Trump a exigé mercredi de l’Opep, qui pompe le tiers du brut mondial, le maintien de sa production à un niveau élevé. Si M. al-Faleh a soutenu jeudi que Washington n’est pas en position de nous dire ce que nous devons faire, la baisse d’un million de barils par jour pour le groupe de producteurs qu’il a proposée s’est avérée plus basse qu’espéré par les marchés, nouvelle baisse de cours à la clé. Son rival géopolitique et troisième producteur de l’Opep, l’Iran, a proposé une réduction plus marquée… tout en demandant à être exempté de toute baisse, estimant son secteur pétrolier déjà affecté par les sanctions des Etats-Unis. La question des exemptions, que le Venezuela et la Libye demanderaient également, selon l’agence Bloomberg, pourrait être cruciale lors des négociations de ce vendredi, tout comme le niveau et le calendrier d’une éventuelle baisse des extractions en Russie. L’Opep n’a toutefois pas annoncé d’échec des négociations et le ministre irakien du Pétrole, Thamir Abbas Al Ghadhban, a affirmé avoir « de l’espoir » pour les discussions de ce jour.