L’obligation vaccinale du personnel de santé est entrée en vigueur mercredi 15 septembre. Si la grande majorité est vaccinée, l’hôpital public est en train d’encaisser un nouveau manque d’effectifs. En cause ? Les démissions ou les suspensions d’activité.
Il y a une pénurie de tous les personnels, il y a 30.000 postes de titulaires non pourvus à l’hôpital. On manque de soignants dans tous les domaines, notamment en réanimation,
déplore le chirurgien Bernard Kron.
Pour le membre de l’Académie nationale de chirurgie, les annonces de démissions ou de suspensions d’activité de soignants ne vont faire qu’aggraver la situation. En cause, l’obligation vaccinale appliquée au personnel de santé depuis mercredi. Cette «nouvelle pénurie de soignants» va placer l’hôpital en très mauvaise posture «avec la cinquième vague qui arrive à l’automne», prévient Bernard Kron. Avec le risque pour le gouvernement de revoir fleurir les manifestations et les grèves qui avaient jalonné l’année 2019. Des contestations arrêtées net début 2020 au commencement de l’épidémie de Covid, mais qui pourraient donc repartir de plus belle. Selon le praticien, les impasses structurelles de l’hôpital demeurent.
Dans l’essai Blouses blanches, colère noire (éditions Max Milo), M. Kron retrace les cinquante dernières années de «ruine» et d’«échecs» du système de santé français. Un système passé de «numéro un» dans les années 1970 au seizième rang mondial en 2020, selon un classement établi par le Legatum Prosperity Index. Principaux fautifs : nos politiques et leur approche bureaucratique de la santé, largement inspirée par la «gouvernance d’entreprise». L’édifice «menace à présent de s’écrouler, étant proche d’atteindre son point de rupture à cause de la pandémie», avertit l’auteur. À l’heure actuelle, l’hôpital ne tiendrait debout que «par le dévouement de son personnel», insiste-t-il.