À mi-pente de la rue Sainte, Diane Giorgetti et Mathieu Paoli la jouent nourritures fines et décomplexées, jolis biberons à l’appui.

Est-ce l’esprit de Sainte, l’une des plus anciennes rues de Marseille ou le quartier de l’Opéra, non loin de là ? Toujours est-il que dans ce nouveau bastion de la vraie cuistance, où l’on transforme quelques boutanches choisies en cadavres, la sacro-sainte rue Sainte veille sur un pas-de-porte où le piéton pousse à virer appétit au comptoir. Chez Oaï, qu’il convient expressément de prononcer « wouaille » en appuyant sur le « ‘ille » final, on finit par appeler par leurs prénoms Diane (Giorgetti) et Mathieu (Paoli), ex-bande de Greg Hessmann et de sa célèbre Relève marseillaise. Oui, en ce lieu né sous les bons auspices de la Bonne Mère, à l’heure du déj’ comme au diner, le tout Marseille s’attable, les copaings et ceux qui le deviendront.
Pas de hasard ! Sans caramel d’insuccès, dans la bonne veine de Bonneveine Diane s’est jadis imprégnée des rudiments de la Sommellerie et suggère désormais des pifs à vouloir tarder. La Crêpe au Carré, au Petit bistrot et le Bistrot des Dames connaissent bien Mathieu pour l’y avoir vu grandir. Maman, bistrotière patentée, a veillé au grain.
Chipirons en persillade, Petits farcis, Storzapretti… dévergondent la salle et rassurent d’une cuisine post pépère, joueuse, taquinant le Sauté de veau seyant au vin rouge et rigatoni ou l’Entrecôte saillante en pommes de terre à l’ail ce soir-là. Et puisqu’il suffit de presque rien pour parfois dire «je t’aime» au cours d’un flirt gastronomique qu’on aimerait éternel, on s’entiche d’un très accommodant plateau de fromages gent(ch)iment servit.
D’autres petits totems sont à venir cet automne naissant, sortis mitonnés des fourneaux de William Wantz, conduisant la cuisine tel un Gran Turismo Maseratti, en souplesse et assurance. Formé six ans durant chez Frérard au Sofitel et quatre ans chez Marrou, le bon cuistot a aussi fait les riches heures de Ricou à Ventabren. Le Mistral provençal fait parfois oublier sa propre descendance. Est-ce un mal ?
Table engageante et gagnante à inventer et orchestrer une cuisine propice à prendre les couverts, en grands triomphateurs, Diane et Mathieu répliquent ainsi leur plats et leur menu entièrement dévolus à Marseille et son pays. Ici, on quitte Oaï sans jamais vraiment l’abandonner. Certains lui font quelques infidélités selon le degré de mouvance que les saisons lui accordent, passent, se lassent mais, depuis repassent au prétexte de vouloir TRÈS bien manger. L’adresse à de belles heures devant elle.
Oaï, 40 rue Sainte à Marseille (Ier). Cuisine du jour et plats de saison du lundi au vendredi, midi et soir. t/ 09 83 78 01 01. Plus de renseignements ici