Deux frères liés par une relation fusionnelle et étrange, un focus sur les geôles de Bachar el-Assad, une histoire sur fond de trafic de drogue… Que faut-il voir cette semaine ?

« Nos Cérémonies », drame fantastique de Simon Rieth (1h44)
Deux enfants, deux frères, s’asticotent joyeusement sur la plage de Royan. Le bruit des vagues baigne leurs journées ensoleillées d’un fracas familier. Tony et Noé courent sur les rochers, se provoquent pour rire. Leur complicité est aussi fusionnelle qu’agressive. En haut d’une falaise, ils se défient. Quel est celui qui court le plus vite vers le vide, avant de s’arrêter au dernier moment ? Ces jeux d’enfants ne manqueront pas de déraper…Mais, comme un prestidigitateur qui détourne l’attention des spectateurs pour mieux préparer son tour, le jeune réalisateur Simon Rieth se sert du drame annoncé pour dissimuler un autre chemin narratif, assez inattendu, plus original. C’est pour cela que Nos cérémonies, sélectionné par la Semaine de la critique à Cannes l’an dernier, est un premier film qui cache bien son jeu. Après une ellipse de douze ans, on retrouve les deux frères, de retour à Royan pour un enterrement. Noé et Tony sont devenus deux jeunes adultes, dont l’un est désormais chauve, souffrant d’alopécie. Sur la plage, séduisants et complices, les deux frères ne tardent pas à séduire des jeunes filles qui les invitent à sortir en boîte.
Rieth dresse ici un portrait réaliste de la jeunesse d’aujourd’hui. On est loin des crêpes au Nuts, des bols jaunes du petit-déjeuner, ou des souvenirs d’enfance liés à cette station balnéaire filmée comme celle des Dents de la mer de Spielberg. La petite Cassandre (Maïra Villena), amoureuse de Tony le grand frère, est devenue grande, elle aussi. Entre une promenade sous les pins, une sieste écrasée de chaleur sur un ponton, tout doucement, un triangle amoureux se met en place. Le cinéaste nimbe de sensualité son film, mais il y ajoute un halo de mystère et de fantastique. Car au cœur de ce premier long-métrage singulier, prometteur et stylé, qui rappelle parfois le Teddy des frères Boukherma, Simon Rieth a installé un secret en forme de malédiction. Malgré leur rivalité, les frères sont inséparables, de vrais siamois prisonniers de cérémonies terribles, qui les précipitent à la lisière du surnaturel.
« Les Âmes perdues », documentaire de Stéphane Malterre et Garance Le Caisne (1h39)
Les efforts, les doutes et les douleurs de ceux qui, aidés par des avocats français ou espagnols, ont cherché à connaître le sort de leurs proches retenus dans les geôles de Bachar el-Assad. Plusieurs dizaines de milliers de personnes y ont disparu depuis 2011, assure ce film aussi poignant qu’éclairant.
« La Gravité », drame de Cédric Ido (1h26)
Encore un film de banlieue diront certains, mais avec un peu plus d’ambition que la moyenne. Deux frères (l’un champion d’athlétisme, l’autre en fauteuil roulant) et leur copain tout juste sorti de prison veulent remettre la main sur le trafic de drogue accaparé par une bande de jeunes. Le film ne laisse pas indifférent et glisse même vers une réalité que certains ne veulent pas voir.