Les César anglais déroulent le tapis rouge aux jeunes pousses et aux réalisatrices. Quatre d’entre elles sont en lice le 11 avril et douchent les espoirs de très grands noms du cinéma.
Aux Bafta, le changement c’est maintenant. Les César anglais ont dévoilé lundi la liste des artistes en lice pour une statuette le 11 avril. Et, un an après avoir été sous le feu des critiques pour une sélection de nommés trop «blanche», notamment dans les sections interprétations, la cérémonie a fait la part belle comme jamais aux nouveaux talents issus de la diversité. Vingt et un des 24 acteurs nommés aux Bafta le sont pour la première fois de leur carrière. De quoi fragiliser les certitudes toutes récentes que l’on croyait avoir dans la course aux Oscars.
Diversité, donc, avec quatre des six metteurs en scène en lice. Tout aussi parlant, quatre de ses six cinéastes sont des femmes. Du jamais vu. Jusqu’à présent, au mieux une rescapée graciait parfois cette catégorie. Et plus aucune depuis dix ans ! Symbole de cette révolution, sept nominations records ont été décrochées par Nomadland de Chloe Zhao et Rocks de Sarah Gavron. Suivent Mank, Promising Young Woman, Le Père et Minari sur l’installation d’une famille sud-coréenne en Arkansas avec six citations. Puis The Dig et Désigné coupable avec cinq.
David Fincher, Aaron Sorkin, Carey Mulligan snobés
Grand vainqueur des Golden Globes, primé à Venise et Toronto, Nomadland est un hymne à la gloire de hippies modernes sillonnant les États-Unis dans leurs camionnettes. Rocks suit une adolescente londonienne de 15 ans abandonnée comme son jeune frère par sa mère mais soutenue par sa bande d’amies. Ils affronteront pour décrocher le trophée roi de meilleur film Le père où Anthony Hopkins campe un vieillard sombrant dans la démence, Désigné coupable, sur une avocate acharnée prenant la défense d’un Mauritanien accusé à tort de terrorisme par les États-Unis, le thriller féministe Promising Young Woman et le drame politique Les Sept de Chicago. Dans la section meilleure réalisation, Chloe Zhao et Sarah Gavron sont rejointes par Shannon Murphy (Babyteeth) et Jasmila Žbanić ( Quo Vadis, Aida ?). Le quatuor de femmes fera face à Thomas Vinterberg (Drunk) et Lee Isaac Chung (Minari). Deux réalisateurs en minorité. Et pas les plus attendus : David Fincher (Mank) et Aaron Sorkin (Les sept de Chicago) brillent par leur absence. Les Bafta n’ont pas forcément favorisé les talents «maison». Coqueluche outre-Atlantique avec son caustique et vengeur Promising Young Woman, Emerald Fennell échoue à percer. De même que sa star, Carey Mulligan, pourtant tout juste adoubée meilleure actrice par les Critics Choice Awards.
Déclaration d’indépendance des Bafta
Les nominations 2021 divergent également de celles annoncées outre-Atlantique (Golden Globes, guildes des producteurs et des acteurs). Considéré comme une cérémonie précurseur des Oscars, ce cru des Bafta met du désordre dans une saison des prix qui semblait en voie de rosage. Si les votants des Oscars cherchaient des idées de films à voir avant de remplir leur bulletin (ils doivent les renvoyer avant mercredi), les Bafta vont les inciter à ouvrir leur esprit à de nombreux outsiders. On estime que les deux organisations ont plus de 700 membres en commun.
Outre Carey Mulligan, plusieurs vedettes de poids ont été laissées sur le carreau au profit de jeunes pousses. Exit le trésor national Olivia Colman (Le Père), Gary Oldman et Amanda Seyfried (Mank), Sacha Baron Cohen (Les Sept de Chicago), Viola Davis (Le Blues de Ma Rainey). Beresina totale pour les têtes d’affiche du poétique Ammonite de Francis Lee, Kate Winslet et Saoirse Ronan. De même qiue pour lamutine Anya Taylor-Joy dans Emma. Bienvenue en revanche à Niamh Algar (Calm With Horses), Kosar Ali (Rocks), Dominique Fishback (Judas And The Black Messiah), Ashley Madekwe (County Lines), Yuh-Jung Youn (Minari), Bukky Bakray (Rocks) ou Radha Blank (The Forty-Year-Old Version).