FAITS DIVERS I Tout était faux: quatre jours après la mort de Kevin, 17 ans, poignardé à mort dans un parc à Mourmelon-le-Grand (Marne), l’enquête a débouché sur la mise en examen pour assassinat de deux mineurs, soupçonnés d’avoir fomenté un plan machiavélique aux mobiles encore flous.

Quatre jours après la mort de Kevin, 17 ans, poignardé à mort dans un parc à Mourmelon-le-Grand (Marne), l’enquête a débouché le 6 juin 2018 sur la mise en examen pour assassinat de deux mineurs I THIERRY ZOCCOLAN / AFP/Archives
Je ne peux que m’interroger pour savoir si j’ai ‘de nouveaux amants diaboliques’ ou si j’ai une logique de bras armé avec une tête criminelle, a déclaré Matthieu Bourrette, procureur de Reims, lors d’une conférence de presse.
Les raisons qui ont conduit au meurtre de Kevin, élève de Terminale, demeuraient nébuleuses mercredi à l’issue des gardes à vue de deux mineurs, puis mis en examen pour assassinat et placés en détention provisoire.
Si la participation du jeune garçon semble relativement cernée, celle de la jeune fille et son rôle méritent d’être encore largement précisés, a ajouté le procureur, soulignant que l’instruction devrait affiner leur rôle et profil psychologique.
La jeune fille, O., élève en 1ère littéraire, est passée du statut de seul témoin direct de l’homicide à celui de mise en cause, fragilisée par ses propos contradictoires: aux enquêteurs, elle avait relaté qu’elle se trouvait dans le parc de cette commune située entre Reims et Châlons-en-Champagne accompagné de Kevin, son presque petit ami, selon ses propos.
Vers 15H00, une altercation avait éclaté entre le jeune homme et un agresseur qu’elle disait ne pas connaître et qui avait donné à la victime une vingtaine de coups de couteau dont deux coups mortels aux poumons avec une lame de 18 cm, a retracé le procureur.
A partir de ses indications, un appel à témoin doublé d’un portrait-robot avait été diffusé dès le lendemain pour retrouver la trace d’un homme de couleur de peau ‘type’ basanée. Ce descriptif avait déclenché un torrent de commentaires racistes sur internet.
Le principal suspect est issu de l’immigration. Je refuse de m’habituer à cette barbarie qui tue la jeunesse de France ! avait tweeté lundi Marine Le Pen. Son message a ensuite été supprimé.
Le portrait-robot imaginé à l’avance, le sac pour y ranger les habits souillés par le crime, tout comme la dynamique organisationnelle quasiment machiavélique du tandem meurtrier et leurs échanges récurrents de SMS: autant de preuves qui témoignent de l’étroite relation qui unissait en réalité O. et A. ainsi que leur volonté de brouiller les pistes, selon le parquet.
En garde à vue, le jeune reconnaissait être l’auteur des coups mortels et avoir préparé et organisé le meurtre avec la complicité active de O. trois ou quatre jours avant, en simulant le vol de son sac, a dit M. Bourette.