L’élue républicaine du Wyoming Liz Cheney va perdre son siège après avoir défié Trump. A l’approche des législatives de mi-mandat, huit des dix républicains qui ont voulu le destituer ont déjà été éliminés aux primaires. Les « négateurs d’élection » de 2020 semble bien avoir le vent en poupe.
Il ne fait pas bon s’opposer à Donald Trump lorsque l’on quête les voix du parti républicain. La représentante de la Chambre Liz Cheney ne se faisait aucune illusion à ce sujet. Mardi soir, dans son Etat du Wyoming, elle a été éliminée sèchement lors de la primaire de son parti face à Harriet Hageman, partisane de l’ex-président.
« Je ferai tout pour m’assurer que Trump ne puisse plus jamais s’approcher du Bureau ovale », a-t-elle confié peu avant que les résultats définitifs ne soient dévoilés. La survie de la démocratie américaine est, selon elle, en jeu, dans un pays qui « dévale à nouveau vers une crise de non-droit et de violence ». « Je crois profondément dans les principes et les idéaux sur lesquels mon parti a été fondé. Mais j’aime encore plus mon pays », a-t-elle ajouté.
Pour Donald Trump, c’est l’heure de la vengeance. Et la preuve qu’ il parvient à remodeler le parti républicain à sa main , avec des militants sincèrement convaincus que l’élection de 2020 a été « volée » par Joe Biden, et des candidats prêts à tout pour bénéficier de sa bénédiction électorale.
Les accusateurs de Trump mis en échec
Depuis des mois, la fille de l’ex-vice-président Dick Cheney a pris la tête du combat parlementaire pour éviter un retour au pouvoir du 45e président en 2024. Elle fait partie des dix députés républicains qui ont voté en faveur de la destitution de Trump (« impeachment »). Surtout, elle préside la commission d’enquête sur l’insurrection du 6 janvier 2021 au capitole .
Ce n’est sans doute pas la fin de la carrière politique de Liz Cheney, qui n’a eu aucun mal à lever des fonds pour sa campagne perdue d’avance, et qui incarne désormais le respect des institutions au-delà de son parti. Elle avait la stature pour devenir cheffe de file à la Chambre. Certains lui prédisent à présent un destin présidentiel.
Mais pour l’instant, l’aile modérée du parti n’est pas très vaillante. Mardi soir également, mais en Alaska, Lisa Murkowski a dû affronter la candidate de Trump Kelly Tshibaka pour le Sénat. Lisa Murkowski est la seule des sept sénateurs républicains qui ont voté pour destituer Trump à s’être présentée cette année. Dans le même Etat, l’ancienne gouverneure Sarah Pailin qui avait bataillé contre Obama a reçu l’onction de Trump.
Huit des dix députés qui ont voté la mise en accusation de Donald Trump ne sont plus dans la course des primaires républicaines. La moitié ont tiré leur révérence sans concourir, et l’autre moitié, dont Liz Cheney, ont perdu contre un candidat soutenu par l’ex-président.
« Négateurs d’élection »
Depuis le début de l’année, les primaires républicaines sont dominées à 53 % (250 nominés sur 469) par les « négateurs d’élection », qui clament sans preuve que Joe Biden a été élu frauduleusement. Ce sont eux que les militants ont désignés pour briguer en novembre des sièges parlementaires, mais aussi des postes exécutifs, législatifs ou administratifs dans leur Etat.
Parmi les nouveaux champions du « Grand Old Party », Kristina Karamo, une assesseure qui a témoigné sans preuve d’une fraude lors du scrutin de 2020, et qui pourrait devenir secrétaire d’Etat du Michigan ; Doug Mastriano et Kari Lake, nominés pour les postes de gouverneur de Pennsylvanie et d’Arizona ; ou encore les deux poulains de l’homme d’affaires Peter Thiel, Blake Masters (Arizona) et JD Vance (Ohio), en lice pour le Sénat.
America’s most powerful institutions conspired to manipulate the 2020 election. Donald Trump should be president today. pic.twitter.com/zGKGsxHOmI
— Blake Masters (@bgmasters) November 9, 2021
Nombre de ces candidats complotistes pourraient être élus en novembre, car les élections de mi-mandat s’annoncent sévères pour le parti démocrate de Joe Biden. Ce qui ne sera pas sans conséquence sur l’issue du scrutin présidentiel de 2024.
Selon un décompte effectué par le « Washington Post » , dans les six Etats où s’est jouée l’élection de 2020, les « négateurs d’élection » ont en effet remporté 62 % des votes républicains aux primaires de 2022. En Arizona, en Géorgie, dans le Michigan, le Nevada, la Pennsylvanie ou le Wisconsin, ils pourraient bien disposer d’un levier qu’ils n’avaient pas en 2020 pour valider ou infirmer les résultats électoraux, en cas de contestation.