Le musée d’Orsay, avec la complicité du Metropolitan Museum of Art de New York, réunit ces deux géants, en un face-à-face éclairant, d’où ils devraient sortir, sinon grandis, du moins mieux compris.

Chez Manet (1832-1883) et Degas (1834-1917), les analogies ne manquent pas, des sujets aux options stylistiques, des lieux où ils exposèrent à ceux où ils se croisèrent, des marchands aux collectionneurs sur lesquels s’appuyèrent leurs carrières indépendantes.
La biographie signale d’autres proximités, de l’expérience de la guerre de 1870- 1871 jusqu’à la Nouvelle Athènes, ce café de la place Pigalle qui avait le don de stimuler les discussions et d’apaiser les tensions. Car heurts et disputes, il y en eut. Manet ne suit pas Degas dans l’aventure impressionniste, par choix de carrière. Degas lui-même, s’il croit à la force collective, se garde de peindre comme Monet.
En ramenant Manet et Degas sous la lumière de leurs contrastes, cette exposition incite à porter un nouveau regard sur la complicité et la durable rivalité de deux créateurs, à maints égards, uniques.
Avant et après la naissance de l’impressionnisme, sur laquelle l’exposition pose un regard nouveau, ce qui les différencia ou les opposa est plus criant encore. De formations et de tempéraments dissemblables, ils ne partagent pas les mêmes goûts en littérature et en musique. Leurs choix divergents en matière d’exposition et de carrière refroidissent, dès 1873-1874, l’amitié naissante qui les lie, amitié qu’a renforcée leur expérience commune de la guerre de 1870 et des lendemains de la Commune.
On ne saurait comparer la quête de reconnaissance du premier et le refus obstiné du second à emprunter les canaux officiels de légitimation. Et si l’on considère la sphère privée, une fois les années de jeunesse révolues, tout les sépare. A la sociabilité de Manet, très ouverte, et vite assez brillante, à ses choix domestiques, répondent l’existence secrète de Degas et son entourage restreint.
Le parcours rend aussi plus saillant ce que la modernité picturale, en son point d’émergence, puis d’essor et de succès, eut de conflictuel, d’hétérogène, d’imprévu. Il donne enfin toute sa valeur à la collection de Degas où, après le décès de Manet, ce dernier prit une place de plus en plus impérieuse. La mort les avait réconciliés.
L’exposition se divise en 14 sections thématiques et comprend environ 200 œuvres dont : 92 peintures, 55 arts graphiques (pastels, dessins, estampes, gravures, monotypes), 14 lettres, 2 carnets et 1 album de portraits cartes de visite et 2 cuivres ;
Exposition Manet / Degas, du 28 mars au 23 juillet 2023 au musée d’Orsay, 1 rue de la Légion d’Honneur, Paris (VIIe). t/ 01 40 49 48 14. Réservation fortement recommandée. En raison de l’affluence dans l’exposition, seule la réservation d’un créneau horaire dédié garantit l’accès. De 16 € (tarif plein), à 13 € pour « Enfants & Cie » 1 adulte accompagnant un enfant de -18 ans. Plus de renseignements ici