Des villageois de Bounti, dans le centre du Mali, assure qu’une frappe a tué dimanche des civils. L’état-major français dément et explique que l’offensive a permis d’éliminer des dizaines de jihadistes.
Les messages ont proliféré sur les réseaux sociaux depuis dimanche 3 janvier sur les évènements survenus dans le village de Bounti, dans le centre du Mali, un des principaux foyers de violence de cette région plongée dans la tourmente. Tabital Pulakuu, une association pour la promotion de la culture des Peuls, une des ethnies maliennes, a été l’une des premières à faire état d’une « frappe aérienne (ayant) coûté la vie à une vingtaine de personnes civiles au moins » au cours d’un mariage. Des villageois joints sur place ont rapporté une frappe d’hélicoptère en plein jour semant la panique dans une foule assemblée selon eux pour un mariage. Cela « a été le sauve-qui-peut. Je me suis retrouvé en brousse mais j’ai perdu deux frères », a dit Ahmadou Ghana. En tout, 19 personnes ont été tuées et plusieurs autres gravement blessées, a-t-il ajouté.
Nous avons été surpris par l’intensité de la frappe. L’hélicoptère volait très bas, au point qu’on croyait qu’il allait survoler le village, a abondé Mady Dicko.
Le silence observé jusqu’alors par les autorités civiles et militaires maliennes ainsi que les forces armées françaises a laissé le champ depuis dimanche à un flot de spéculations, très difficilement vérifiables dans une zone éloignée dont l’accès est rendu très compliqué par la présence réputée forte des jihadistes. Il n’y a guère que l’armée nationale et Barkhane pour opérer offensivement dans le ciel malien. L’armée française a fini par s’exprimer mardi. Dimanche, a dit l’état-major français à Quotidien Libre, une patrouille d’avions de chasse a frappé à l’ouest d’Hombori (donc dans le même secteur) un rassemblement de jihadistes préalablement repérés après une opération de renseignement de plusieurs jours. Elle a « neutralisé » plusieurs dizaines d’entre eux, a-t-il ajouté par euphémisme. Le comportement des individus, leur équipement et le recoupement du renseignement excluent autre chose qu’un rassemblement jihadiste comme Barkhane en frappe régulièrement, a-t-il dit. « Il ne peut y avoir de doute et d’ambiguïté: il n’y avait pas de mariage », a assuré un responsable militaire français. Qui dit vrai ?