Au beau milieu d’une guerre complexe qui dépasse le monde sauf Poutine, la présidente de la Commission de Bruxelles prend ses aises et des airs de baronne.
Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la Présidente de la Commission de Bruxelles, Ursula von der Leyen, ne sait plus où donner de la voix, à croire qu’elle s’est autoproclamée toute puissante dans l’Union Européenne. À chaque fois, Madame prend soin de formuler ses propos en anglais, pour bien rappeler que la langue officielle en vigueur chez les 27 est celle des Anglo-Saxons, nonobstant le Brexit et le départ des Britanniques.
Un jour, elle annonce que Kiev a vocation à devenir membre de l’Union Européenne, comme si elle pouvait modifier à sa guise un processus long et complexe, dont les modalités sont prévues par des traités sur lesquels elle s’assoit lourdement.
Un autre, elle confirme la livraison d’armes à l’Ukraine, mettant ainsi le doigt dans un engrenage pouvant mener loin, surtout lorsque l’un des belligérants – l’agresseur, en l’occurrence – possède l’arme atomique. La perspective de la guerre totale sur le vieux continent ne semble pas l’émouvoir outre mesure. Madame la baronne est au-dessus.
Liberté d’expression ? Quelle liberté d’expression ?
Un troisième jour, elle décide de bannir de l’UE les médias russes RT et Sputnik, assimilés à de la « propagande de guerre russe ». Peu avant, TikTok, Facebook, Twitter et Youtube (alias Google) avaient déjà bloqué leurs comptes. Ces médias sont d’office assimilés à un nid d’espions à la solde de Moscou, ce qui ira droit au cœur des 100 journalistes salariés par RT France, par exemple, sans que nul n’ait pu trouver quoi que ce soit à redire à leur travail. Certes, RT et Sputnik sont financés par l’État russe mais tout comme France 24 et RFI le sont par l’État français. Avant d’affirmer qu’ils mènent la guerre médiatique de Poutine, encore faudrait-il le prouver ! Sauf à violer la liberté d’expression d’ordinaire défendue au nom d’une démocratie asthmatique et amnésique.
Mais la baronne von der Leyen n’en a cure, vu qu’elle règne sur son territoire comme un seigneur sur son fief. Voici peu, elle s’était déjà illustrée dans une vidéo où elle décernait les bons petits points aux élèves de sa classe, les meilleurs d’entre eux ayant droit au plan de relance européen. Elle félicitait la France pour ses « réformes », dont celle de l’assurance-chômage, qui frappe les sans-emploi au portefeuille. Elle saluait au passage « le début d’un succès français soutenu par l’Europe ».
Mais pour qui se prend donc Ursula von der Leyen, connue pour ses accointances avec le milieu des affaires ? Jusqu’à plus ample informé, elle n’a été élue par personne. Ce n’est pas parce qu’elle préside la Commission de Bruxelles qu’elle est investie d’une mission d’évangélisation des peuples. On le saurait. Ce n’est pas parce qu’elle dirige la technostructure suprême de l’UE qu’elle peut en toute légitimité demander des comptes aux gouvernements, les mettre à l’amende, et encore moins décider à leur place en faisant régner l’ordre orthodoxe à la schlague.
Les Eurobéats aiment à répéter que l’Europe ne fait qu’appliquer ce que décident les pays qui la composent. Ils affirment haut et fort que la Commission de Bruxelles, comme les autres institutions européennes, ne fait que respecter les directives données par les chefs d’État. Certes, ces derniers sont effectivement les éléments décisionnels. Mais au fil des différents traités, on a attribué à la Commission Européenne le droit de légiférer dans le moindre détail, de surveiller l’application stricte des préceptes édictés, à charge pour les pays de s’y conformer à la virgule près sous peine de sanctions immédiates. Et quelques macarons…
Et voilà comment la baronne au casque d’or se prend vraiment pour ce qu’elle n’est pas, confirmant au passage qu’il ne suffit pas de féminiser les institutions européennes pour leur donner un vernis démocratique qui leur fait furieusement défaut. Parfois l’esprit s’arroge un des droits qu’il n’aura jamais.