Celui qui nous sert de président français s’efforce de revenir sur le devant de la scène internationale, se servant ainsi de son homologue ukrainien comme marchepied. Le plus dur sera la chute.
Un coup de téléphone à Vladimir Poutine par-ci, une visite chez Volodymyr Zelinsky par là… En matière de relations internationales Macron pratique aussi l’en même temps. Si dans le jeu diplomatique l’équilibre est de mise, il s’agit là plutôt de revirement et de coups de com’ mal maquillé alors que la France est hors-jeu en Ukraine.
Mardi dernier, le président français s’est ainsi fendu d’une demande auprès de Moscou : se retirer de la centrale nucléaire de Zaporijjia au bord du Dniepr dans le sud-est du pays. Une demande compréhensible au premier abord. En effet, les Russes occupent la centrale et l’utiliseraient selon Kiev comme base pour des tirs d’artillerie. De son côté, l’armée ukrainienne riposterait contre ses positions au risque de provoquer un incident nucléaire.
S’il est difficile de démêler le vrai du faux dans cette affaire de cour de récré, la démilitarisation de la zone, proche de la centrale, rassurera les pays du continent. Il reste que cette demande du président français émise après avoir eu son homologue Zelenski au téléphone devrait rester lettre morte.
Si Macron s’était rêvé en conciliateur aux premières heures du conflit, il a finalement succombé aux sirènes médiatiques du président ukrainien. Difficile aujourd’hui de demander des concessions à Moscou et en même temps d’infliger à la Russie des sanctions économiques et des vexations. Des sanctions que le président ukrainien a demandé d’intensifier mardi, surtout après avoir eu Macron au téléphone en évoquant « le terrorisme nucléaire de la Russie ». Un vocabulaire qui ne sent pas franchement l’apaisement sur un sujet aussi grave et qui peut mettre en danger des dizaines de millions d’Européens.
En annonçant en grande pompe son appel téléphonique avec « son » Zelenski, Macron tente de réchauffer l’opinion comme il l’avait fait en rencontrant tardivement son homologue ukrainien mi-juin. Une rencontre qui donnait lieu à des photos presque pathétiques avec Macron en costume, tactile à souhaits, et Zelinsky vêtu de son t-shirt « petit bateau » kaki.
Décidément, le président français avait envie de passer du temps au téléphone mardi dernier, puisqu’il a également appelé son homologue indien, Narendra Modi. Ils ont affirmé vouloir travailler ensemble sur la résolution du conflit ukrainien. Prudente, l’Inde n’avait pas condamné l’invasion russe et s’est bien gardée d’infliger des sanctions économiques à Moscou. Mais les déclarations communes avec le président indien n’ont guère de valeur et ne devraient pas peser.
Oui, Macron a manqué son coup dans le dossier Ukrainien. Il l’a manqué en refusant de se placer complètement du côté de Kiev au début du conflit, se contentant de passer des coups de fil à son homologue Zelinsky. D’ailleurs, le verbe « macroner » qui a vu le jour en Ukraine, directement inspiré du nom de Macron – néologisme « macronete » – signifie « se montrer inquiet d’une situation, mais ne rien faire ». S’il a raté le virage, pro-ukrainien, le président a aussi raté la position de conciliateur qu’il a tenté d’occuper dans un premier temps et qui avait le mérite de mettre la France dans une position singulière dans le paysage européen en évitant les conséquences des sanctions pour les Français.
Plusieurs options se sont donc offertes au président français. Mais hésitant, pas sûr de son fait, Macron a joué la montre et a fini par s’aligner en bon « toutou » des Etats-Unis sur les positions de l’OTAN.
Une simple condamnation de l’invasion et une démarche de conciliateur non-aligné aurait probablement permis à la France de s’éviter la future « galère » énergétique hivernale et une explosion de l’inflation.
C’est d’ailleurs sur les échecs socio-économique de l’Occident que le président russe entend jouer à fond. Ainsi, dans une déclaration publique mardi 16 août, Vladimir Poutine à évoquer ce déclin occidental :
[…] Les élites mondialistes occidentales tentent de détourner l’attention de leurs propres citoyens des problèmes socio-économiques urgents, tels que la chute du niveau de vie, le chômage, la pauvreté et la désindustrialisation. Ils veulent rejeter la responsabilité de leurs propres échecs sur la Russie et la Chine…
En associant la Russie à la Chine dans son propos, le président Poutine dessine les contours d’un nouvel ordre mondial naissant. Et s’il dit appeler de ses vœux un monde multipolaire, il semble surtout qu’une opposition Est-ouest prenne forme.
Aujourd’hui, dans cette réorganisation des forces en présence, stabilité et vision à long terme sont primordiales, voire cruciales. Les chefs d’État en présence incarnent des styles très différents en la matière. Dans moins de 5 ans, Macron sera selon toute vraisemblance « retraité » – avant 50 ans d’ailleurs, ce qui peut paraître cocasse. Joe Biden et Volodymyr Zelenski ne devraient plus être vraiment dans le coup. L’un d’eux sera sans doute passé de vie à trépas. Narendra Modi, Vladimir Poutine et Xi Jinping seront eux très certainement toujours présents dans l’échiquier géopolitique.