Alors que les dirigeants américains et leurs satellites occidentaux se sont retrouvés mardi, Macron va commencer son second mandat avec un défi de taille: la guerre.
Tout le monde le félicite, l’adule… Ou du moins tous les bons copains de Washington. Du mourant Biden au sexy Trudeau en passant par son homologue allemand, Macron l’Emmanuel Français a vu ses petits camarades chefs d’État soulagés ou du moins satisfaits de son tour de magie électoral. Gerard Majax ne démentira pas.
En pleine crise ukrainienne, voir à la tête du pays Le Pen ou Mélenchon aurait franchement froissé le bloc atlantiste. Mais rien de tel. La France devrait bien se coucher aux côtés des États-Unis qui dictent depuis longtemps la Marche ! à suivre de la politique à mener sur le continent.
C’est à l’initiative de Washington que quarante États se sont retrouvés mardi en Allemagne. Le ministre de la Défense américain à la manœuvre – sans chewing gum au bec, cette fois – estime que l’Ukraine peut gagner face à la Russie si les moyens lui sont donnés. Ce qui implique une intensification des livraisons d’armes en direction de Kiev. Une manière de faire la guerre sans vraiment la faire qui n’est pas sans risques. Et pour cause, faute de faire gagner la guerre à l’Ukraine, cela risque de faire durer le conflit avec les conséquences que cela implique, notamment pour les populations, et surtout, cela ne prend pas en compte une donnée contemporaine. Dans la guerre moderne, il n’est pas évident qu’un conflit armé débouche sur une victoire. Et même si cela est le cas, il sera complexe de savoir qui l’a emporté. Moscou n’admettra jamais avoir perdu, même si c’est le cas et l’Occident et ses relais médiatiques habituels – chacun se reconnaîtront – diront avoir gagné même si Volodymyr Zelensky finissait en bête de foire dans une cage au Parc zoologique de Moscou.
Le mensonge et surtout ses relais contemporains puissants, conçus de chaînes d’informations en tous genres et de réseaux sociaux, obscurcissent, nous le savons les jugements. Et l’opinion éditoriale a souvent plus de poids que la réalité factuelle dans ces épisodes guerriers dramatiques.
Dans ce conflit, l’Allemagne prend toute sa part. Mais cette fois, pas de conneries, hein: ce sera sous supervision américaine. La ministre fédéral de la défense, Christine Embrechts, a d’ailleurs détaillé l’envoi de chars anti-aérien depuis la base de Ramstein, du nom d’une base aérienne américaine dans le district de Kaiserslautern (à l’attention de ceux qui auraient des doutes sur la nature atlantiste des manœuvres européenne en cours.
Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a, lui, mis en garde lundi sur un risque qu’il qualifie de réel: une troisième guerre mondiale, tout en affirmant que la Russie poursuivait ses négociations de paix avec l’Ukraine. Des négociations que Moscou ne fera de toute façon pas avancer tant que son armée n’aura pas atteint pleinement ses objectifs ; aspirations qui, par ailleurs, demeurent difficiles à identifier.
Et Macron dans tout ça ? Dimanche à l’issue de sa victoire flamboyante pour certains, c’est-à-dire pour personne, celui qui va nous servir de président pour cinq années supplémentaires (peut-être 7 ans), a évoqué la guerre en Ukraine et l’avenir proche du pays dans une même séquence cajoleuse et dégoulinante:
Les années à venir à coup sûr, ne seront pas tranquilles. Mais elles seront historiques et ensemble nous aurons à les écrire pour nos générations […] Et la guerre en Ukraine est là pour nous rappeler que nous traversons des temps tragiques où la France se doit de porter sa voie, de montrer la clarté de ses choix…
La clarté des choix ? Il en faudra pour le maître du « en même temps » qui dit tout et son contraire, qui ne reste aussi qu’un simple pion dans le dispositif américain, même s’il faut reconnaître à Jupiter que dans son égocentrisme exacerbé, il a pu parfois donner un son de cloche singulier. Ce fut notamment le cas lorsque il refusa d’utiliser le terme génocide en Ukraine ne se laissant pas embarqué dans une lutte lexical dangereuse. Mais si le locataire de l’Elysée donne parfois des signes contradictoires, sa position dans le conflit reste celle d’un lieutenant de la maison-mère américaine et sa réélection pourrait laisser présager le pire.
Il reste que le président est obsédé par l’Union européenne – on se demande vraiment pourquoi ? Il pourrait tenter de faire valoir une voix intermédiaire entre les positions belliqueuses russe et américaine. Une hypothèse peu probable pour l’heure; les intérêts des puissances européennes étant diverses et souvent contradictoires, surtout concernant la France et l’Allemagne.
L’intensification des combats en Ukraine et le durcissement de la position américaine pourraient assombrir rapidement le début de ce nouveau quinquennat. Si faire partir la France en guerre est militairement presque impossible, l’État français pourrait choisir de s’impliquer toujours plus dans ce conflit en envoyant encore plus d’armes et de moyens à Kiev. Une aide qui se fera avec l’argent de qui ? Des Français bien sûr, qui n’ont pas choisi la guerre mais qui ont tout de même choisi par dépit un président soucieux de son apparence et de celles de ses ami(e)s.