Allons enfants de la Patrie, le jour du sacre est de nouveau arrivé. Macron a vécu une ré-investiture crâne et obséquieuse. Évidemment, pas de gestes barrières, mais une servilité crasse de la part de ses gentils sujets. [Décryptage]
Samedi dernier le palais de l’Élysée était en disposition de galâaa avec les grands de ce petit monde. Au programme ? L’investiture du sortant Macron, outrageusement maquillé et prothèse capillaire « Playmobil » vissé sur le crâne ? Pour l’occasion, ce dernier a voulu faire dans le renouvellement:
[…] le peuple français n’a pas prolongé le mandat qui s’achève commencé le 14 mai 2017. Ce peuple nouveau, différent d’il y a cinq ans, a confié à un président nouveau, un mandat nouveau.
Un peuple nouveau… et un mandat nouveau !? Aux yeux des Français, le locataire de l’Elysée en renouvellement de bail a perdu deux millions de voix au second tour quand son adversaire de 2017, Marine Le Pen, en gagnait deux millions et demi. De quoi s’interroger. Quant au « mandat » nouveau, tout tend à montrer qu’il s’engage comme le précédent, c’est-à-dire à grands coups de « en même temps », doublé de formules insipides et mensongères.
Ici et là un peu de patriotisme niais teinté d’une forme certaine de suprémacisme humaniste. Une façon inavoué de se présenter patriote et « en même temps » cosmopolite:
[…] Aimons notre patrie, comme ce trésor de géographie de paysages où depuis le plateau de Gergovie jusqu’aux confins des Marquises, depuis les Pyrénées de mon enfance jusqu’à mes plaines picardes, on sent battre le coeur de ce vieux peuple enraciné qui a offert au monde les rêves les plus fous. L’humanisme, les lumières, les droits de l’homme. Alors oui, la France n’aura pas fini d’inspirer le monde.
L’occasion pour l’élu de rappeler qu’il n’allait pas seulement sauvé la France mais qu’il sauvera aussi le monde:
[…] Servir nos enfants et notre jeunesse vers lesquels mes pensées vont en cet instant. Et à qui je fais le serment de léguer une planète plus vivable.
Un président qui parle de nos enfants mais qui n’en aura jamais, mais aussi un président qui se rêve en sauveur écologiste mais qui « en même temps » importe du gaz de schiste des États-Unis.
Les amateurs de langue de bois seront servis. Du côté des convives, il y a aussi beaucoup à dire avec une petite dose d’humiliation pour les uns, à l’image de l’ancien Premier ministre Édouard Philippe, dont l’accolade paternaliste reçue par le président confine à la mise au pas du public. Une telle attitude condescendante n’est pas anodine et Macron la paiera possiblement pendant son quinquennat si son allié à la dent dure. Du côté des invités de prestige, les deux anciens présidents encore en vie ont répondu sagement présent. François Hollande, tout d’abord, qui s’est offert un bon moment de solitude remarqué sur les réseaux sociaux. Le fossoyeur du Parti socialiste qui dit aujourd’hui envisager la députation n’a pas trouvé grand monde pour venir lui parler. Nicolas Sarkozy, lui, barbe naissante et teint hâlé, se trouvait plus à l’aise dans le bocal macroniste.
Du côté des anciens combattants, on a retrouvé aussi d’ancien Premier ministre. Le plus « chinois » des Français, Jean-Pierre Raffarin, mais aussi Alain Juppé dont on est heureux de savoir qu’il est toujours vivant, mais aussi le vendu du socialisme Manuel Valls. S’il avait une once d’honneur en se rendant à l’Elysée, il semblerait qu’il n’en n’a plus désormais. Une servilité en « tailleur de pipe » qui confine à la maladie dans les yeux de celui qui est depuis candidat LREM, mais qui fut humilié à la primaire socialiste en 2016, puis dans son exil catalan luxueux.
Jacques Lang la « momie » était aussi de la partie. Un clin d’œil à la jeunesse probablement, ou aux enfants… Chacun posera, en conscience, la grille de lecture qui lui conviendra. A l’approche de l’été et des traditionnelles grillades, une belle brochette pointait aussi le bout de son « poivron ». Avec l’homme des Mutuelles de Bretagne, le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, aux côtés de la « femme » du président en « meneuse de revue », et flanqué de deux vieux briscards politiciens, le président du Sénat, Gérard Larcher, et l’inénarrable Laurent Fabius, président du Conseil constitutionnel, qui n’a pas manqué sa courte prise de parole pour dire… une bourde:
[…] Vous avez recueilli 18 millions… (interrogation du chef de l’Etat en quelques secondes, puis) 678 mille et 639 voix.
Laurent Fabius, qui était Premier ministre de François Mitterrand, il y a bientôt 40 ans, a donc oublié 100 000 électeurs. Un détail peut-être, mais à entendre sa diction et sa démarche, on peut s’interroger sur le bien-fondé de laisser une personne de 75 ans usé par les années au poste qu’il occupe aujourd’hui.
Roselyne Bachelot, ministre de la Culture et ambassadrice Cetelem s’était, elle, habillée comme si elles se rendait au Festival de Cannes, mais ne dénotait finalement pas vraiment avec le mauvais goût ambiant. Et justement, du côté « star » de cinoche, les quelques téléspectateurs qui ont suivi le show, ont pu observer des personnalité venir rendre hommage à LEUR président, comme le réalisateur et acteur Guillaume Gallienne et son comparse l’acteur François Cluzet dont le regard imbécile a fait sourire sur les réseaux sociaux.
Le Candidat. des très riches était donc bien entouré. Et bien entendu, les affaires n’étaient pas loin puisque figurait parmi les invités un certain Marc Ferracci. Investi aux Législatives pour le compte de la majorité dans l’imperdable 6e circonscription de l’étranger – qui concerne les Français de la Suisse et du Liechtenstein – M. Ferracci est un proche de Macron. Sa femme, Sophie, était chef du cabinet politique du président lors de la campagne de 2017. Il fut témoin de mariage du président de la République et le président de la République aussi son témoin de mariage !
Le papa de ce Marc au regard bleu acier n’est autre que Pierre Ferracci, qui dirige le groupe Alpha ; groupe qui possède notamment le cabinet de conseil Semaphores. Cette société s’est vu confier une mission de conseil suite au dysfonctionnement de la distribution de la propagande électorale lors des dernières élections régionales. Une étude pour optimiser l’envoi des plis électoraux et envisager de recourir à des prestataires autre que La Poste. Mais cette même étude a conclu finalement que La Poste convenait parfaitement et donc plusieurs centaines de milliers d’euros ont été dépensés pour rien, si ce n’est pour la société de ce proche du président.
Après tout, quelques centaines de milliers d’euros… c’est une goutte d’eau pour le parterre d’invités qui s’étaient rendu à l’Élysée samedi. En effet, Jacques Attali et Xavier Niel, qui étaient de la partie, seront sans doute moins surpris de ce genre de prestation que les électeurs déçus du 24 avril. Et comme rien ne doit changer et que le nouveau Macron reste finalement le même que celui de 2017, le président a démarré son nouveau quinquennat dès lundi par un déplacement à Strasbourg pour fêter la Journée de l’Europe. L’occasion de participer à un spectacle étonnant voire débile au cœur de l’hémicycle, avec une chorégraphie qui aura probablement le mérite de faire sourire les Russes qui, observant de loin leur parade militaire à Moscou, sentent pour certains le rouge monter à leurs joues. En résumé, Macron devra rapidement changer de musique pour éviter de voir son quinquennat tourner au pugilat. C’est un euphémisme. Bien mal acquis, ne profite jamais.