À trois jours d’un conseil européen tendu, entre l’attaque turque en Syrie, un Brexit incertain, le rejet de la candidate française à la Commission et les menaces commerciales américaines, Emmanuel Macron consulte tous azimuts pour resserrer les rangs avec ses partenaires.

Le président français Emmanuel Macron et la présidente de la Commission Européenne Ursula Von Der Leyer à Paris le 14 octobre 2019 I Ludovic MARIN, AFP
Le chef de l’État a reçu la future présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, avec laquelle il n’avait pas encore discuté depuis que le Parlement européen a écarté Sylvie Goulard, sa candidate à la Commission, qui devait hériter du vaste portefeuille du Marché intérieur.
Dans ce moment international inquiétant, l’Europe ne peut s’offrir le luxe de vaines querelles, de petites disputes et nous ne pouvons nous permettre ni division, ni aveuglement, ni faiblesse, avait-il lancé en accueillant Angela Merkel pour un dîner à l’Élysée.
Jeudi, Emmanuel Macron s’était publiquement étonné, expliquant avec humeur que Mme von der Leyen avait personnellement insisté pour le choix de la Française et l’avait assuré par avance de l’accord des principaux groupes du Parlement européen. La France veut avant tout préserver l’immense portefeuille qui avait été taillé sur mesure pour Sylvie Goulard, soulignent ses conseillers.
Je veux qu’ensemble nous puissions travailler avec Mme la Chancelière et la future présidente à la mise en place d’une Commission européenne forte, assise sur une majorité solide au Parlement européen, que nous avons collectivement la responsabilité de construire et de conforter, a expliqué Emmanuel Macron.
Paris craint que l’ensemble du projet de réformes de Mme von der Leyen, que Paris a largement contribué à élaborer, ne soit bloqué par un Parlement européen incontrôlable, hostile aux projets français et sans majorité positive -en quelque sorte en voie de westminsterisation, dit l’Élysée, en allusion au parlement britannique englué dans le Brexit. Le chef de l’État a déjeuné avec le président du conseil européen Donald Tusk pour préparer le sommet de Bruxelles. Lui non plus ne s’est pas exprimé en arrivant à l’Élysée. Parmi les sujets de forte inquiétude, l’offensive turque contre les Kurdes dans le nord-est de la Syrie, qui risque de créer une situation humanitaire insoutenable et d’aider Daesh à réémerger, ont de nouveau averti d’une même voix M. Macron et Mme Merkel dimanche. Tous deux ont appelé de nouveau la Turquie à cesser son offensive, déjà condamnée par l’UE, et rappelé leur décision de suspendre leurs ventes d’armes à la Turquie. Après leur dîner, le président a réuni un conseil restreint de défense sur la Syrie et l’Élysée a annoncé dans la foulée des mesures pour assurer la sécurité des personnels français militaires et civils présents dans la zone. La présidence n’a fourni aucune autre précision.
Un pays avec un petit contingent ne peut rester sur place sans la présence américaine, reconnaît une source diplomatique française.