Macron braille contre Londres… et puis se ravise. La querelle des pêcheurs qui secoue les relations franco-britanniques se poursuit et le président sortant commence déjà à reculer.
Le pensionnaire de l’Elysée et ses équipes menaçaient encore lundi matin d’appliquer des sanctions dès minuit, si Londres n’accordait pas davantage de licences aux pécheurs français. La menace consistait essentiellement à interdire aux navires britanniques de débarquer leurs cargaisons dans les ports français et de renforcer les contrôles douaniers.
Des mesures qui pouvaient être prises au sérieux alors qu’un chalutier britannique avait été dérouté la semaine dernière car suspecté d’avoir pêché environ deux tonnes de coquilles Saint-Jacques sans licence. Une escalade de mesures et d’annonces qui laisse penser que Paris ne lâcherait pas l’affaire alors qu’aux tensions post-Brexit s’ajoute le rôle trouble de Londres dans l’affaire des sous-marins Australiens. C’était sans compter sur la faiblesse présidentielle avouée. Toujours prompt à brimer facilement les plus faibles, Macron éprouve plus de difficultés face à ses semblables ; et il semble que ses entrevues avec Boris Johnson au G20 puis à la COP26 ont fait reculer le président français. En effet, alors que l’ultimatum était fixé à lundi minuit, il a finalement été reporté ce jeudi. Dans sa grande mansuétude, Macron a annoncé vouloir donner une chance aux discussions. Aucune sanction n’a donc été appliqué jusqu’à ce jour.
Le gouvernement britannique à, lui, salué ce report et l’homme en charge du dossier. Le ministre aux relations avec l’Union Européenne, Lord David Frost, diplomate de formation, s’en est félicité. La passe d’armes sur les réseaux sociaux entre le ministre anglais et le français Clément Beaune a d’ailleurs montrer le gouffre existant entre un personnel d’Etat chevronné et un jeune premier choisi par Macron.
Dans cette affaire conflictuelle autour de la pêche, les Britanniques disposent aussi d’atouts et ils avaient également menacé par la voix de leur secrétaire d’État aux Affaires Etrangères, Liz Truss, de s’appuyer sur le mécanisme de règlement des différends dans le cadre de l’accord commercial post-Brexit et demander ainsi des mesures compensatoires à l’UE tout en affirmant vouloir mettre en place des contrôles renforcés des bateaux de pêche européens. La petite bataille navale entre Paris et Londres devrait accoucher d’une souris et la France devrait payer les pots cassés d’une politique de faiblesse face au Royaume-Uni, dégagé du joug Bruxellois.
Au-delà de ce nouvel affront contre le président français en matière de politique internationale, une autre question est soulevée par cet épisode risible de conflit commercial : l’absence de réaction européenne. Le premier ministre Jean Castex en avait lui-même appeler a plus de fermeté de la part de Bruxelles contre le Royaume-Uni dans ce dossier. Une demande assez légitime a considéré l’UE comme une union dans laquelle les membres sont, a priori, tenus à une certaine solidarité réciproque, mais une demande laissée lettre morte. Un dénouement qui explique peut-être la reculade du pleutre de l’Elysée sur le sujet. Car si Macron s’en prend seul à Londres, c’est-à-dire sans l’appui de Bruxelles, ou pire avec l’hostilité d’autres Etats membres, il risque fortement d’écorner son image de champion du projet européen, ce qui n’est pas envisageable à seulement deux mois de la présidence française de l’Union européenne et à six mois de la présidentielle française.