En pleine offensive russe en Ukraine, Macron cherche toujours une fenêtre d’opportunité pour officialiser, avant la date butoir de ce vendredi, sa candidature à la présidentielle. Une course à l’Elysée à laquelle viennent de se qualifier les deux candidats Marine le Pen et Eric Zemmour.
La guerre en Ukraine est une fois de plus sur toutes les lèvres. Lors d’un débat dédié au sujet à l’Assemblée nationale, le Premier ministre Jean Castex a dénoncé mardi un « acte de guerre » russe, une « agression cynique et préméditée ». Le leader de France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a pour sa part regretté, sous les huées, la décision de l’Union européenne de fournir des armes à Kiev.
Réponse immédiate du chef des Républicains à l’Assemblée, Damien Abad qui a accusé Eric Zemmour, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon « d’avoir entretenu une fascination malsaine pour le modèle de Poutine ».
Jamais sous la Vème République une crise internationale n’a autant impacté une campagne présidentielle au risque d’éclipser les autres sujets de préoccupation des Français comme le pouvoir d’achat, la santé ou la sécurité.
La Russie intensifiant son offensive, l’évolution de la crise ukrainienne rythme au quotidien la campagne. Mais pour Macron, le temps est compté. Le presque-candidat doit comme les autres prétendants fournir au Conseil constitutionnel avant vendredi 18H00, en plus des plus des 500 parrainages d’élus validés, une déclaration de patrimoine et une lettre indiquant son consentement à être candidat.
« Personne ne sait quand et comment Emmanuel Macron se déclarera, nous a-t-on soufflé du côté du parti présidentiel.
Et en attendant son annonce, ses adversaires sont quasiment contraints de « boxer dans le vide », craignant que la situation internationale n’escamote les nécessaires débats nationaux de la présidentielle.
Un « débat anesthésié »
« Il faut qu’on soit attentif » à quarante jours du premier tour car, « s’il n’y a pas de débat, s’il n’y a pas de bilan, de projet, imaginons le président de la République réélu, alors ce sera dans une forme d’omission de débat démocratique, avec un risque » sur la « légitimité au cours du mandat », a averti le président LR du Sénat Gérard Larcher sur Europe 1.
Pour M. Larcher, la candidate LR Valérie Pécresse « est la seule qui peut challenger Emmanuel Macron » car, selon lui, Eric Zemmour et Marine Le Pen ne peuvent aujourd’hui espérer être au second tour ». Dans plusieurs récents sondages, la candidate de droite a pourtant sensiblement baissé, passant parfois derrière ses rivaux, voire de Jean-Luc Mélenchon.
A gauche aussi, on s’inquiète d’une campagne gelée par la crise ukrainienne. Il ne faut pas que le débat soit « anesthésié » car c’est le moment « de dire: un autre monde est possible », a insisté sur RFI Alexis Corbière, porte-parole de Mélenchon, seul candidat de gauche à dépasser les 10% dans les intentions de vote.
Le chef de l’Etat, dont le premier meeting de campagne prévu à Marseille a été annulé, pourrait officialiser sa candidature à l’occasion d’une intervention dans un journal télévisé, comme François Mitterrand en 1988 à 33 jours du premier tour ou Nicolas Sarkozy en 2012 à 67 jours du scrutin. Face à ces inquiétudes, l’exécutif se veut rassurant, soulignant mettre « tout en œuvre pour que la campagne se déroule le plus normalement possible ».
Dans l’entourage du chef du gouvernement, on souligne que « la situation actuelle n’empêche pas que l’on parle de tous les thèmes qui intéressent les Français, qu’il s’agisse de pouvoir d’achat, d’Europe, d’énergie, de souveraineté ».
Et mardi matin, quatre candidats – Valérie Pécresse, la socialiste Anne Hidalgo, l’écologiste Yannick Jadot et le communiste Fabien Roussel – ont tenté de remettre la santé à l’agenda de la campagne en exposant leur programme, notamment leurs réponses aux déserts médicaux, à l’occasion d’un « grand oral » organisé par la Mutualité française.
Ils sont onze qualifiés
Une course à l’Elysée qui compte désormais 11 compétiteurs. Marine Le Pen et Éric Zemmour, qui étaient à la peine dans la récolte de leurs parrainages, ont obtenu les 500 paraphes d’élus nécessaires pour se présenter. Éric Zemmour comptait mardi 620 parrainages, Nicolas Dupont-Aignan 532, et Marine Le Pen 503. Ils rejoignent huit autres prétendants.
La candidate LR Valérie Pécresse caracole en tête avec 2.457 paraphes, suivie par le président Emmanuel Macron avec 1.785 parrainages, puis la socialiste Anne Hidalgo (1.318), Jean-Luc Mélenchon (808), l’écologiste Yannick Jadot (669), le communiste Fabien Roussel (613), le député Jean Lassalle (602) et la candidate de Lutte ouvrière Nathalie Arthaud (568).
Quant à Christiane Taubira, l’aventure présidentielle est de plus en plus compromise. Elle n’avait mardi que 181 signatures dans son escarcelle.