Il « emmerde » le monde, mais rassurez-vous c’est affectueux ! Quelques mots grossiers pour résumer le quinquennat et l’action d’Emmanuel Macron. Brutalité d’une part, cynisme de l’autre, au lendemain du premier tour de la présidentielle le président sortant a lancé son opération séduction sur les terres de sa concurrente Marine Le Pen. Une pratique à l’image de son mandat nourrit de « courant d’air ».
Le Président s’est à nouveau mué en Candidat. Qualifié pour le second tour malgré des scandales à répétition, Emmanuel Macron – tempe grisonnante, l’air affecté mais jovial – affronte Marine Le Pen comme en 2017. Une nouvelle confrontation dont beaucoup de contours ont toutefois changé. D’abord le jeune candidat En Marche ! d’il y a 5 ans, frais comme un gardon, a désormais pris de la bouteille. Des preuves d’une épreuve de force avec le peuple Français, au quotidien. Affaire Benalla, Gilets jaunes, traitement des soignants, gestion autoritaire du covid et dispendieux cabinets de conseil exilés fiscaux, Macron a coché toutes les cases de l’incurie au fil de ces cinq dernières années. Un bilan lourd, calamiteux, parfois grossier et brutal, pour ne pas dire violent. Tellement, que les menaces de l’arrivée au pouvoir d’une prétendue droite radicale qu’incarnerait Marine Le Pen sont de plus en plus difficiles à faire avaler au Français. Beaucoup d’entre eux se demandent même ce qui pourrait bien leur arriver de pire que lors du quinquennat précédent. Constater qu’un garde du corps privé joue au policier un 1er mai ? Être assigné à résidence à part pour les courses et les besoins de Médor ? Se faire suspendre de son travail sans salaire, ni licenciement ? Un immense n’importe quoi qui exaspère.
Concrètement le pouvoir en place agite les peurs face à un régime dit contestataire en cas de victoire de la candidate ? Mais voyons… qui est autoritaire depuis 5 ans ? Le Rassemblement national déjà finaliste en 2017 ? Pourtant, le parti de droite est relégué à un rôle quasi symbolique au Palais-Bourbon. Doit-on le craindre ? Sans doute un lien avec la promesse de proportionnel que Macron appelle encore et toujours de ses vœux, mais qu’il n’a jamais tenu jadis. Car il y a le Candidat. Marcheur et le président de la République. Et si les deux partagent l’art de l’entourloupe, du mensonge et du « en même temps » en une seule personne, le premier s’est se faire désirer.
Lundi, Emmanuel Macron s’est rendu sur les terres de Le Pen, dans les hauts de France. Une région attachée à ses traditions mais aussi une région meurtrie par la désindustrialisation que l’ancien banquier n’a jamais cessé de favoriser. Rappelons à toutes fins utiles la seule opération Alstom, dont la branche énergie a été vendu à l’Américain General Electric quand Emmanuel Macron était encore à Bercy, peu de temps avant la trahison de son mentor François Hollande. En plus d’un travail de sape pour la souveraineté française, l’achat a été un coup dur pour l’emploi avec des licenciements en cascade au mépris des engagements qui avaient été pris. Désormais Macron nous reparle même de souveraineté et fait racheter des turbines « Arabelle » à vil prix à EDF. Les Français paient donc deux fois et encore trois fois pour ceux qui ont été licenciés et sont désormais frappés par la réforme du chômage sans doute effectuée sur les recommandations de je ne sais quel cabinet de conseil réputé. Mais toute honte bue, le locataire de l’Elysée se présente face aux régions qu’il a méprisées et un peu plus sinistrées.
A Carvin dans le Nord, Marine Le Pen est arrivée en tête au premier tour avec 40,72% devant Jean-Luc Mélenchon à 21,38%. Le président sortant n’était que 3e avec seulement 19,48%. Pris a parti après un rétropédalage en règle sur la retraite, sans doute le temps de l’élection présidentielle, Macron continue d’user d’un cynisme crasse qui frôle le sarcasme, le tout sous le regard visiblement complice de Paul Larrouturou. Et si Macron est allé dans le Nord, ce n’est pas seulement pour narguer sa concurrente au second tour, mais pour se tailler un costume du président à la fibre sociale. Un tout de passe-passe de plus, nourrit de selfies, après ces cinq ans passés au Château.
Pour autant, l’appel de Fabien Roussel à voter en faveur du président sortant et l’exhortation de Jean-Luc Mélenchon à ne pas voter pour Le Pen semble faire l’impasse sur la précarité qui gagne une partie grandissante des Français. Il y a urgence. Le pouvoir d’achat n’a pas lieu de s’améliorer sous la deuxième ère Macron, sauf à casser le thermomètre. Le chômage ne baissera qu’à grand renfort de stage d’apprentissage, de formations en tous genres et de radiations. Et la brutalité pourra quant à elle s’en donner à cœur joie. Des perspectives que de nombreux Français ont désormais à l’esprit, au point que l’ersatz de front républicain pourrait faire long feu dans les mois à venir. Il l’aura cherché.