Lundi, le texte de loi sur la sortie de l’état d’urgence sanitaire était examiné par les députés. Au-delà du calendrier de déconfinement, les rares parlementaires présents ont validé le principe du pass sanitaire.
En France, nous sommes un pays égalitaire, égalitariste. Ce n’est pas un pays dans lequel nous allons dire si tu es vacciné, tu peux entrer là, si tu ne l’es pas, tu ne peux pas. Je ne le crois pas
Lundi, l’hémicycle clairsemé du Palais Bourbon a finalement posé les jalons du passeport sanitaire. Sur les 577 élus de la nation, 434 d’entre eux étaient absents. Et ils n’avaient pas piscine, elles sont fermées.
L’appellation « passeport vaccinal » a désormais été remplacé par « passeport sanitaire » ; un énième tour de passe-passe qui ouvre légèrement le concept qui pourrait, certes, regrouper la présentation d’un certificat de vaccination, mais aussi d’un test PCR négatif ou d’un certificat de rétablissement post-covid.
Les détails doivent toutefois être validés à l’échelle européenne. Ce pass sanitaire ne sera pas uniquement nécessaire pour voyager d’un pays à l’autre, comme l’a rappelé la députée de l’Hérault Emmanuelle Ménard (non-inscrits) dans l’hémicycle :
(…) ce pass sanitaire devait être réservé au déplacement vers ou depuis l’étranger. Aujourd’hui, il pourrait conditionner l’accès à de grands rassemblements ou lieux réunissant plus de 1 000 personnes durant l’été. Une simple jauge, mais qui semble déconnectée du bon sens par manque évident de précisions. Concernera-t-elle uniquement les lieux fermés ou également les lieux ouverts sur l’extérieur ? Sera-t-il fait une différence selon la capacité d’accueil du lieu et donc la densité de population attendue ?
Le député Éric Coquerel (France Insoumise) a d’ailleurs estimé que ce projet de loi visant à gérer la sortie de crise avait fait naître la mesure la plus coercitive de contrôle depuis le début de l’épidémie de covid.
Pourtant la bande à Macron ne s’est pas gênée et s’en est même donné à cœur joie depuis plus d’un an. Sur le plan strictement sanitaire la disposition paraît discutable. En effet, si un député d’extrême gauche estime que le pass sanitaire renferme une philosophie de contrôle social, Olivier Becht (Agir) précise qu’il n’apportera pas pour autant de garantie pour la santé des Français. Il n’imposera pas la présentation d’un test PCR négatif en tant que tel, notamment pour les personnes vaccinées, et ce, alors même que ces personnes peuvent-être contagieuses.
Le gouvernement poursuit donc sa mise en place d’une police sanitaire honteuse, comme énoncée dans l’article 4 du projet de loi, dont les fondements sont à la discrétion de l’exécutif et souvent décorrélées des principes de précaution réels. Une tendance à faire durer le flicage et la coercition qui n’échappe plus à grand monde en France. Le calendrier poussif du déconfinement apporte du grain à moudre à l’opposition, notamment à la députée Emmanuelle Ménard :
Tenir encore 4 à 6 semaines ? Le 1er mars dernier, Emmanuel Macron exhortait les Français à serrer les dents pour une nouvelle poignée de semaines et laisser ainsi entrevoir la sortie du tunnel. Onze semaines plus tard, le gouvernement joue les prolongations avec un nouveau texte qui, pour la seconde fois en un an, est censé nous préparer à une sortie de crise sanitaire.
(…) Nous aurions pourtant pu choisir une autre date comme certains d’entre nous vous l’ont proposé en commission ; pas pour le plaisir, pas non plus pour nier la gravité de la situation, mais pour que le Parlement puisse jouer son rôle de contre-pouvoir, tout simplement.
Une confiance disparue, une démocratie confisquée… La crise sanitaire a décidément bon dos en macronie. Pour autant, malgré des débordements systématiques depuis plus d’un an où la liberté des Français n’a cessé d’être reniée, la majorité au pouvoir n’a pas rencontré d’opposition franche, ni dans l’hémicycle, encore moins dans la rue. Serait-ce pour demain ?