En attaquant avec virulence le gouvernement d’extrême droite de Jair Bolsonaro dès sa sortie de prison, l’ex-président de gauche Lula a revêtu les habits de chef d’une opposition qui était inaudible depuis la dernière élection au Brésil.

L’ex-président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva lors d’un meeting avec ses partisans à Sao Bernardo do Campo, près de Sao Paulo (sud-est du Brésil), le 9 novembre 2019 I AFP / Miguel SCHINCARIOL
Ne semblant pas affecté par ses 580 jours de détention, l’ancien métallo de 74 ans semble prêt à en découdre avec Jair Bolsonaro, qui rêvait de le voir pourrir en prison, et à occuper la place, restée vacante, de premier opposant. Car jusqu’ici, le Parti des travailleurs (PT) de Lula, en panne de politique, semblait avoir quasiment pour seul mot d’ordre la demande de libération de son chef historique, explique Sylvio Costa, fondateur de Congresso em Foco, site internet spécialisé sur le Parlement.
Le cacique de la gauche revient dans sa version messianique, pour tenter de réveiller une opposition en manque d’idées et de leadership, résume un éditorial paru lundi dans le quotidien Folha de S. Paulo.
Le Chili comme exemple
Le tribun Lula va parcourir le pays au contact du peuple et tiendra dimanche un premier grand meeting à Recife, capitale de son Etat natal du Pernambouc (nord-est).
La question est de savoir comment Bolsonaro et son gouvernement vont réagir, ajoute M. Vidal.
Un début de réponse est arrivé dimanche, avec un tweet du général Augusto Heleno, ministre du Cabinet de Sécurité institutionnelle, considéré comme l’éminence grise du gouvernement.
Lula, par son discours, montre qui il est et ce qu’il souhaite pour le pays. Il incite à la violence en citant le Chili en exemple, s’en prend à diverses institutions (…) et insulte le président, a-t-il écrit.
Lula a effectivement exprimé samedi sa solidarité avec les gouvernements de gauche sud-américains, louant la mobilisation des Chiliens contre le conservateur Sebastian Pinera, un exemple de résistance – comme un avertissement pour Jair Bolsonaro. Les principales critiques de l’ex-président de gauche (2003-2010) envers le gouvernement ont porté sur l’économie, l’austérité et les privatisations massives prônées par l’ultra-libéral ministre de l’Economie Paulo Guedes. Lula, resté très populaire, notamment auprès des plus modestes grâce à ses ambitieux programmes sociaux lors des années fastes de croissance, a cité les chiffres alarmants de l’augmentation de la pauvreté et de la précarité au Brésil.
Son retour représente un défi pour Bolsonaro, qui voit sa popularité chuter en raison du manque de réponses aux problèmes économiques, estime Vinicius Vieira, professeur de Relations Internationales de l’Université de Sao Paulo.