La campagne électorale brésilienne a été cinglante. Et le vieux lutteur n’en avait jamais connu lors de ses cinq précédentes candidatures. Son élection dimanche face au président sortant Jair Bolsonaro est sans nul doute la dernière de l’icône de la gauche latino-américaine, dont la longue vie politique et personnelle a été marquée de drames, de victoires, de chutes, de renaissance.

L’ex-président du Parti des travailleurs (PT) Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010) a été élu ce 31 octobre à la tête du Brésil en battant d’un poil le président de droite sortant, Jair Bolsonaro, à 50,83% contre 49,17%, selon les résultats officiels quasi-définitifs. L’ex-sidérurgiste de 77 ans, qui avait connu la prison pour corruption (2018-2019) dans l’affaire Petrobras avant de voir ses condamnations annulées par la justice, effectue, effectuera son troisième mandat à la tête du pays, après ceux des années 2003 à 2010.
Polémique autour de barrages filtrants ayant retenu des électeurs
Aucun incident violent n’est venu entacher le vote des quelque 156 millions de Brésiliens appelés aux urnes. Mais ce second tour a été marqué par une vive polémique autour de barrages filtrants de la Police routière fédérale (PRF) qui ont retenu des électeurs, notamment des les régions pauvres du nord-est, fief électoral de Lula.
Sur les réseaux sociaux, de nombreuses vidéos montraient des embouteillages monstres ou des autocars transportant des électeurs bloqués dans les barrages. Sur son compte Telegram, Lula avait jugé «inadmissible» ces barrages policiers, en dépit d’une décision judiciaire de la veille qui les interdisait. Mais Alexandre de Moraes, président du Tribunal supérieur électoral, a toutefois relativisé ces problèmes, affirmant en conférence de presse que, malgré des retards, «aucun autocar n’a rebroussé chemin et tous les électeurs ont pu voter».
Democracia. pic.twitter.com/zvnBbnQ3HG
— Lula 13 (@LulaOficial) October 30, 2022
Poutine et Lula, une « coopération constructive »
Le Brésil cultivera ses liens avec la Russie avec l’élection de Luiz Inacio Lula da Silva. Si le nouveau président et son adversaire Jair Bolsonaro ont des positions diamétralement opposées sur la scène internationale, ils se retrouvent toutefois sur un point : leur indulgence vis-à-vis de Vladimir Poutine au nom de son non-alignement traditionnel.
Le leader du centre-gauche veut refaire du plus grand pays d’Amérique latine un acteur respecté sur la scène mondiale après quatre ans d’isolement diplomatique et de polémiques sous le mandat de Jair Bolsonaro. Mais, il est peu probable que le Brésil, qui a condamné mollement l’invasion russe de l’Ukraine et s’est abstenu de voter les sanctions internationales, opère une volte-face diplomatique.
Le locataire de l’Elysée, Emmanuel Macron, a salué la victoire du nouveau président brésilien dans un tweet finasse, comme a son habitude :
Ensemble, nous allons unir nos forces pour relever les nombreux défis communs et renouer le lien d’amitié entre nos deux pays,
soulignant que cette élection ouvrait « une nouvelle page de l’histoire du Brésil ».
À quelles fins ?