Depuis plusieurs mois déjà, Macron se fait désirer au sujet de sa candidature à la prochaine présidentielle. Si cette posture agace ses concurrents, elle n’est pas nouvelle sous la Ve République.
Ira ? Ira pas ? Finalement, ce n’est pas la question… Macron sera naturellement candidat à sa propre réélection. Il s’agit seulement de savoir quand. Lundi, le chef de l’Etat, en visite dans la Creuse, a été interrogé sur ce sujet. Sa réponse ? Comme toujours : ni oui, ni non. À quelques semaines de la présidentielle, tout porte à croire que la majorité présidentielle ne présentera pas un autre candidat que Macron. Rien ni personne – si ce n’est un événement majeur, un scandale de grande ampleur ou simplement son décès – ne devrait empêcher le président de briguer un second mandant.
Comparée à ses deux prédécesseurs, sa côte de popularité est plutôt bonne, surtout eu égard à l’opposition qu’il a pu connaître à travers les gilets jaunes et les mécontentements suscités par ses politiques sécuritaires et sanitaires, notamment. En février 2012, Nicolas Sarkozy avoisinait les 30% d’opinions favorables. François Hollande, lui, avait atteint un niveau tellement bas à quelques mois des élections qu’il avait anticipé, dès le mois de décembre, son renoncement à vouloir briguer un second mandat.
Aujourd’hui Macron est généralement crédité au-delà des 35 points d’opinions favorables dans les études de sondage. C’est donc mieux que ses deux prédécesseurs qui n’ont pas rempilé pour un mandat, mais moins bien que ceux qui ont fait « la passe de deux » comme Jacques Chirac et ses 50 % d’intentions de vote avant le scrutin de 2002 ou François Mitterrand avec plus de 60 % en 1988.
Il y a donc de quoi être optimiste pour le président sortant sans que la partie soit gagnée d’avance pour autant. Au cours de ses déplacements et au travers de ses entretiens, tout désigne désormais le président comme candidat. Son expression via la presse d’« emmerder les non vaccinés » avait, elle, une portée électoraliste certaine, il faudrait être stupide pour ne pas le comprendre. Parce que pour l’emporter, il faut d’abord mobiliser son propre camps. Avec cette provocation, il a satisfait les bas-instincts d’une partie de sa garde rapprochée, qui a adopté une position extrême contre les personnes non-vaccinés, s’assurant ainsi le soutien indéfectible de ce segment électoral. Viendront plus tard les thèmes plus rassembleurs et les mains tendues vers d’autres électeurs.
Aujourd’hui, médias et candidats pressent le président de bien vouloir annoncer qu’il est en campagne. Une demande qui est compréhensible puisque Macron se sert des moyens de la présidence pour se faire élir, ce qui crée un problème d’équité avéré vis-à-vis de ses concurrents.
Si le marche-pied de la présidence européenne n’a pas pris comme prévu, ses déplacements en France ont déjà permis d’entrevoir des axes de campagne. Dans le Limousin, mardi, il a par exemple promis plus de fonctionnaires dans des territoires abandonnés. Une mesure qu’il ne prendra pas dans les deux mois et demi à venir. Les voyages présidentiels se multiplieront à mesure que la campagne approche, pour un président qui entend rester maître de son calendrier. Viennent également les premières fuites d’informations, celle sur son refus d’affronter d’autres candidats avant le second tour – histoire de se donner un peu de hauteur – ou encore celle selon laquelle il dissoudrait l’Assemblée nationale juste après sa réélection pour profiter de la dynamique et tenter de rassembler un centre très large avec une partie des Républicains, qui auraient alors implosé dans la bataille et qui se rallieraient pour ne pas perdre leur place.
Un programme chargé avec beaucoup de « si », donc, et qui nécessitera d’agir vite et habillement. Ses adversaires, eux, perçoivent ce piège menaçant et sont condamnés pour le moment à s’entre-tuer pour accéder au second tour. Si certains l’accusent de ne pas se déclarer, Macron n’est pas en retard sur ses prédécesseurs. Souvenons-nous que François Hollande avait renoncé en décembre 2016. Nicolas Sarkozy, lui, s’était déclaré candidat à la mi-février 2012 ; Jacques Chirac, le 11 février 2002 ; François Mitterand avait attendu le 22 mars 1988 et Valéry Giscard d’Estaing s’était prononcé le 2 mars 1981.