Une fresque des Années folles, la version restaurée de classiques hongkongais, Annaud dans un docufiction trop pompier… Que faut-il voir ou pas cette semaine ? Découvrez notre sélection cinéma.
L’Histoire de ma femme, drame romantique d’ldiko Enyedi (2h49) – On parie? Jakob épousera la première femme à entrer dans ce café. Son copain hausse les épaules. Son scepticisme ne durera pas: après une fausse alerte, Léa Seydoux pousse la porte. Le capitaine de navire lui demande sa main. Elle est d’accord. Telles étaient les rencontres, dans les pays nordiques, au cours des années 1920. La Hongroise Ildiko Enyedi (Mon XXe siècle) a une confiance éperdue en la magie du cinéma, adapte un livre de son compatriote Milan Füst. On s’y roule comme dans un édredon, avec gourmandise et admiration. Quel souffle! Cette nostalgie. La fin saute littéralement à la gorge. La beauté, vous vous souvenez ?
Cinq nouvelles du cerveau, documentaire de Jean-Stéphane Bron (1h43) – En cinq récits, le documentariste de Cleveland contre Wall Street (2010) et L’Opéra (2017) installe une réflexion autour de questionnements actuels, qui pourront susciter un vertige terrifiant. Le fil rouge consiste à dévoiler le versant intime de ces chercheurs. Le rapport père-fils, le compagnonnage avec un chien ou l’arrivée d’un bébé dans la famille… À travers les fragilités de ces hommes et femmes se dessine la force de leurs découvertes. On comprend alors que l’apocalypse des films de science-fiction où les méchantes IA veulent anéantir l’humanité n’est pas pour demain.
Infernal Affairs, film policier d’Andrew Lau et Alan Mak (1h40) – Vingt ans après, Infernal Affairs, d’Andrew Lau et Alan Mak, ressort en salle en version restaurée. Ce fleuron du polar hongkongais rappelle que l’ancienne colonie britannique, rétrocédée à la Chine en 1997, n’a pas toujours été une prison sanitaire. Un parrain de la mafia a infiltré la police avec un de ses hommes. Un commissaire a eu la même idée en envoyant un de ses agents chez les truands. Les taupes jouent au chat et à la souris dans les rues de Kowloon ou dans les parkings souterrains. Les deux hommes tentent de se démasquer, souffrant de plus en plus de leur double identité, métaphore d’une île schizophrène. La suite, en forme de « préquel », se déroule avant la rétrocession. Le dernier volet est inédit en salle. Il est temps de le réhabiliter ou de l’enterrer définitivement.
[Navet de la semaine] Notre-Dame brûle, drame de Jean-Jacques Annaud (1h50) – Jean-Jacques Annaud et le feu, c’est une longue histoire. En 1981, La Guerre du feu, son adaptation du roman préhistorique de Rosny aîné, propulse le réalisateur de Coup de tête au statut de cinéaste aventureux, à l’étroit dans le cinéma français. Cela se vérifie dans Notre-Dame brûle , récit de ce lundi 15 avril 2019, quand les flammes dévorent la cathédrale sous les yeux du monde entier. Pour donner un supplément d’âme à cette destruction matérielle, Annaud fait couler une larme sur le visage de la statue de la Vierge ou s’attarde sur des badauds en prière aux abords du parvis. Ce n’est ni fait ni à faire. Cela ne suffit pas à faire de Notre-Dame brûle autre chose qu’un docufiction mêlant images d’archives et reconstitutions, dans un style pompier que l’on peut considérer fort à propos. Un vrai navet.