Une maire tiraillée entre son ambition et l’envie de passer à autre chose, un savoureux déjeuner de vieux amis à La Closerie des Lilas, les premiers pas au cinéma du philosophe Alexandre Jollien. Que faut-il voir cette semaine ? Découvrez notre sélection cinéma.
Les Promesses, drame de Thomas Kruithof (1H38) – Douze ans, ça suffit. La fin de son second mandat approche. Clémence ne se représentera pas. Elle est maire d’une commune dans le 93. C’était un job à plein temps. L’élue estime avoir rempli sa tâche. Clémence aimerait partir sur un coup d’éclat, afficher sa fierté, sortir la tête haute. Mais « M. Grand Paris » tergiverse. Les élections se précisent. L’édile commence à douter. Elle voulait prouver son désintéressement, montrer sa droiture. Un problème se pose : on lui laisse miroiter un poste de ministre, pour l’après. Dans son pavillon, l’héroïne pèse le pour et le contre. Son fils va bientôt quitter le foyer – du mari, il n’est jamais question. Dans ce long-métrage très instructif sur la politique locale, Isabelle Huppert incarne avec perfection le rôle d’une maire tiraillée entre son ambition et l’envie de passer à autre chose.
Adieu Paris, comédie d’Édouard Baer (1H36) – Au soir de leur vie, de vieux amis se retrouvent pour un déjeuner rituel à La Closerie des Lilas. Ils en sont les seuls convives. La porte à tambour de la célèbre institution de Montparnasse s’ouvre sur ces mâles à l’allure triomphante et aux cheveux blancs. Jacques, Bertrand, Enzo, Louki et les autres ne semblent pas si heureux que cela de se retrouver. Ils sont venus par habitude, par fidélité à leur jeunesse. Autrefois, ils avaient du talent, de l’esprit. Ils faisaient rire Paris, pétiller la nuit. Ils ne sont plus très sûrs d’avoir tenu leurs promesses. On navigue entre drôlerie et cruauté, dérision et tristesse. Édouard Baer signe avec élégance l’enterrement d’une vie de vieux garçons, d’une époque, d’une civilisation : celle du mâle blanc, cultivé, amoureux des mots jusqu’à l’ivresse.
Presque, comédie dramatique de Bernard Campan et Alexandre Jollien (1h32) – Ce feel good movie en forme de parcours initiatique, intitulé Presque, permet au philosophe suisse Alexandre Jollien de faire ses premiers pas au cinéma. Drôle, bouleversante, cette comédie dramatique est une sorte d’ovni dans le paysage du cinéma français. Par son audace, sa simplicité, son authenticité, ce road movie en corbillard aborde le handicap avec subtilité, humour et tendresse, le tout signé par un ex-membre des Inconnus, Bernard Campan. C’est avant tout l’histoire d’une amitié inattendue entre Louis, un entrepreneur de pompes funèbres solitaire et résigné (Campan aussi juste qu’émouvant), qui percute avec son corbillard un livreur de paniers bio à tricycle prénommé Igor, frappé depuis la naissance par une infirmité motrice cérébrale. Le personnage d’Igor, esprit vif dans un corps handicapé, circule en marge de la société. Sa bouée de sauvetage, c’est la philosophie.