Le dirigeant de Lidl France, Michel Biero, s’inquiète et s’agace contre une proposition de loi qu’il juge “pro-inflation” et “pro-multinationales”. Le texte porté par le député Renaissance Frédéric Descrozaille a été validé mercredi en commission.

Le texte de loi explosif sur les prix en supermarché continue de déchaîner les passions. “C’est une loi pro-inflation, pro-multinationale, mais surtout pas pour le consommateur. Ça va exploser”, tempête Michel Biero, le dirigeant de Lidl France ce jeudi 12 janvier. Dans “Apolline Matin” sur RMC, le directeur exécutif des achats, du marketing et de la communication de Lidl France fustige la proposition de loi portée par le député Renaissance Frédéric Descrozaille, validée en commission mercredi. Elle sera examinée en séance plénière le 16 ou le 17 janvier.
Le texte de loi surnommé Egalim 3 porte sur les négociations annuelles entre industriels et distributeurs et pourrait accélérer la hausse des prix dans les rayons voulue par les fournisseurs. De quoi échauffer les esprits des dirigeants d’enseignes qui craignent de voir leurs clients quitter leurs rayons vers ceux des concurrents, en pleine tempête inflationniste.
Vers « des hausses de 30 à 50% » sur « les étiquettes des rayons »
Pour Michel Biero, l’article 3 de la proposition de loi acte “la fin des négociations”. “Aujourd’hui, un industriel qui nous demande 30% en décembre, on a jusqu’à fin février pour négocier. Cette loi est là uniquement pour défendre les multinationales. Elle n’est pas là pour défendre les TPE, ni les PME, ni les ETI. Elle a été poussée par les lobbyistes et les multinationales pour défendre ces mêmes multinationales. Elle dit que si on nous demande 30%, et qu’au 1er mars nous n’avons pas trouvé d’accord, on nous imposera de payer les 30%”, grince-t-il sur RMC.
Une “loi anti-inflation” qui risque d’entraîner des hausses de 30 à 50% sur les étiquettes des rayons, selon Michel Biero. Il tacle au passage les politiques, “des pompiers pyromanes” qui d’un côté “cherchent des solutions dans tous les sens” et de l’autre “vont voter une loi pro-inflation”.
“Un lobby d’enfer” selon Michel-Edouard Leclerc
La proposition de loi donne aussi des sueurs froides à Michel-Edouard Leclerc qui avait dénoncé auprès de Challenges, un “lobby d’enfer”, s’agaçant des “parlementaires industrialistes au sein de la majorité. Sur BFMTV Dominique Schelcher, PDG de Système U s’est, à son tour, inquiété du texte lançant une “alerte rouge” sur la proposition de loi.
Le député Frédéric Descrozaille s’était défendu :”je comprends que la grande distribution ne soit pas contente. Mais ils doivent s’adapter au contexte”, de l’explosion des prix. Le député du Val-de-Marne répond à une nécessité de calendrier. Le dispositif expérimental d’encadrement des promotions et des reventes à perte par les distributeurs, mis en place par la première loi Egalim en 2018, arrive en effet à terme au printemps, et devrait être renouvelé via un texte législatif.
Sans surprise, les géants de l’industrie, réunis au sein de l’Institut de liaisons et d’études des industries de consommation (Ilec), ont, eux, salué la proposition. « Depuis des dizaines d’années, le rapport des forces est favorable aux distributeurs dans les négociations, explique le directeur général Richard Panquiault. Pour garantir l’équilibre, il faut une équité de traitement. » Et donc voter la loi.