Un western âpre en Ossétie du Nord, la nouvelle incarnation du détective de Simenon, découvrir le petit peuple d’un chêne âgé de 210 ans… Que faut-il voir cette semaine ? Découvrez notre sélection ciné.
Maigret, Film policier de Patrice Leconte (1h28) – Leconte ajoute à Simenon un flou, un tremblé à la Modiano dont il avait adapté de façon un peu trop radieuse Villa Triste. Il filme entre les lignes. Surtout, Depardieu trouve là de loin son meilleur rôle, comme s’il n’avait attendu que ça, se glisser dans la défroque de ce fauve assoupi dans la grande jungle de la vie, ce roi Lear version pépère, hanté de matière humaine, bourrelé de perte et de remords. À un moment, dans un café, il aperçoit son reflet dans la glace. Le regard qu’il se jette alors, l’air de dire: «Qu’est-ce que je suis devenu?» À cette seconde, on voit son âme. Il n’y a pas un détail, pas une réplique à retrancher de cette plongée en eaux troubles. Cette immense lassitude est d’une photogénie exemplaire, d’une sourde noirceur. Tendez l’oreille. On entend un terrible bruit de feuilles mortes.
Les Poings desserrés, drame de Kira Kovalenko (1h36) – À 32 ans, cette grande russe rousse flamboyante possède de l’énergie à revendre. Née dans le Caucase, à Naltchik, Kira Kovalenko s’exprime cependant de manière posée, sans jamais se départir d’un calme apaisant. Son deuxième film, Les Poings desserrés, présenté à Cannes l’été dernier, a décroché le prix Un certain regard. Kovalenko y raconte le destin chamboulé d’Ada, une jeune femme qui vit en Ossétie du Nord, dans une ancienne ville minière traversée par de gros camions bondés soulevant des tonnes de poussière. Avec ces paysages désertés, la rudesse de son climat, la dureté des hommes qui vivent là-bas, en s’amusant de rodéos de voitures fatiguées ou de baignades dans des lacs glacés, le film a quelque chose d’un western âpre, mais tellement attachant.
Le Chêne, documentaire de Michel Seydoux et Laurent Charbonnier (1h20) – Rendez-vous en terre inconnue. Mais nul besoin de prendre l’avion pour arpenter son périmètre de long en large: le lieu exploré par Michel Seydoux et Laurent Charbonnier est… un chêne âgé de 210 ans. Qui pèse neuf tonnes et mesure 17 mètres de haut. Le spectateur suit le petit peuple de l’arbre sur quatre saisons, ses joies et ses grandes misères, en racontant «tout ce qui gravite autour du gland», explique Michel Seydoux, évoquant au passage la course-poursuite échevelée entre un rapace et un passereau a nécessité quinze jours de travail pour 1 min 20 de film. «On a voulu faire un outil d’émerveillement», poursuit-il, pour sensibiliser le public «sans donner de leçons», et notamment les enfants, aux prouesses de la nature et aux questions de biodiversité. En résulte un vrai spectacle immersif, aux secrets insoupçonnés, qui séduira toute la famille en suscitant son émerveillement.