Dans sa dernière étude, le spécialiste suédois de la gestion de crédit Intrum estime que les entreprises françaises consacrent en moyenne 77 jours par an à la gestion de ces retards de paiement.

L’inflation pèse lourdement sur la trésorerie des entreprises. La dernière étude du suédois Intrum en fait une nouvelle illustration en s’intéressant à la gestion des retards de paiement. Entre novembre et mars derniers, plus de 10.000 entreprises – PME, ETI et grands groupes – ont été interrogées à ce sujet à travers l’Europe, dont 400 en France.
Intrum estime que cette gestion des retards de paiement coûte 53 milliards d’euros aux entreprises françaises dans un contexte d’inflation forte et de hausse sensible des coûts.
« En raison de la hausse de l’inflation élevée et l’augmentation des coûts de la main-d’œuvre, les pressions exercées sur la trésorerie des entreprises s’aggravent les obligeant à consacrer du temps et des ressources au maintien d’un bon niveau de trésorerie », indique Thomas Duvacher, directeur général France d’Intrum.
Dans le détail, plus de la moitié des entreprises françaises interrogées anticipent que la hausse de l’inflation (57%) et des taux d’intérêt (55%) va affecter leur chiffre d’affaires en 2023 en raison de clients qui n’arrivent pas à respecter les délais de paiement et à régler la totalité des montants dus.
La charte de bonne conduite s’étend
Près de deux entreprises sur trois indiquent avoir été sollicitées par de grandes entreprises, voire des structures de taille intermédiaire, afin d’allonger les délais de paiement. Plus de la moitié d’entre elles (55%) ont reçu cette sollicitation de la part de TPE ou PME.
Cette année, une entreprise française met en moyenne 57 jours à payer une facture, soit deux jours de plus qu’en 2022. Pour 73% des entreprises hexagonales interrogées, les impayés causent des pertes particulièrement dommageables: c’était le cas pour seulement la moitié d’entre elles l’année dernière.
« La proportion d’entreprises françaises ayant mis en place une charte de bonne conduite visant à diminuer les délais de règlement ou prévoyant de le faire est passée de 78% en 2021 à 85% aujourd’hui, ce qui est un indicateur encourageant », souligne Intrum.
Cependant, plus d’un tiers des entreprises françaises règlent ces factures dans un délai plus long qu’elles ne toléreraient de la part de leurs propres clients. Par ailleurs, elles sont 56% à déclarer rencontrer des difficultés croissantes à s’accorder avec leurs clients sur des conditions de paiement qui soient avantageuses pour les deux parties, ce qui résultent parfois en de longues négociations.
Il n’est donc pas étonnant que 45% des entreprises françaises interrogées indiquent avoir l’intention de demander des délais de paiement plus longs à les fournisseurs, soit 7 points de plus que la moyenne européenne.
Des craintes sur les demandes de hausse des salaires
Si les entreprises françaises redoutent autant ces retards de paiement, c’est car ils ne constituent pas l’unique « menace » qui pèse sur leur trésorerie dans ce contexte inflationniste. Presque la moitié d’entre elles s’attendent à ce que leurs employés demandent plus régulièrement des hausses de salaires, une anticipation qui ne concerne que 41% de toutes les entreprises européennes interrogées.
Près de 9 salariés sur 10 ont d’ores et déjà demandé des augmentations de salaire pour compenser l’inflation.
« Près de la moitié des répondants français (48%) déclarent que la gestion de leur balance âgée (impayés) et des flux de trésorerie sont, à date, une priorité pour la direction de leur entreprise. »
Ces tensions sur la trésorerie pourraient conduire à des mesures budgétaires au sein de certaines structures, la plus prisée étant logiquement la réduction des coûts (pour un tiers des interrogées). Enfin une part faible mais non-négligeable (13%) des entreprises françaises envisage de proposer des départs volontaires à leurs employés: un ratio qui est deux fois plus élevé que la moyenne historique.